Aujourd’hui, l’ISR n’est encadré par aucune norme ou réglementation. Certains pratiquent un ISR exigeant, d’autres ont des critères plus flous. Or, pour inspirer confiance au client final, il faut que l’ISR soit compréhensible et en capacité de montrer comment la prise en compte de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) se traduit dans la gestion financière. Pour que la démarche soit crédible, il nous semble indispensable qu’elle soit évaluée par un organisme expert et indépendant qui puisse certifier la qualité des processus mis en place.
Novethic est une filiale de la Caisse des Dépôts et, à ce titre, bénéficie de ces deux caractéristiques. C’est pourquoi nous avons lancé leISR Novethic il y a sept ans. Nous labellisons plus d’une centaine de fonds par an, dont les trois quarts sont proposés par des sociétés de gestion françaises. Cela représente environ un tiers de l’offre ISR en France. C’est une démarche facultative à laquelle toutes les sociétés de gestion ne participent pas. Certaines estiment que la crédibilité de l’ISR repose d’abord sur leur taille et l’importance des moyens qu’elles consacrent à l’ISR.
L’une de nos premières exigences a été de demander la publication de l’intégralité de la composition des portefeuilles. Nous sommes convaincus que la première responsabilité d’un fond ISR est d’expliquer à ses clients où et comment leur argent est investi. La plupart des grandes sociétés françaises de gestion d’actifs qui proposent de l’ISR ont accepté de jouer le jeu de la transparence.
Trois ans plus tard, nous avons fait évoluer la méthodologie pour aller un cran plus loin et évaluer la façon dont l’ISR contribue à faire la différence, c’est-à-dire orienter les encours vers le financement d’une économie plus durable. Pour nous, l’ISR le plus crédible doit être sélectif et assumer des choix différents des grands indices. A quoi bon si cela consiste à sélectionner le CAC 40 ?
Cette défiance est liée à la crise de 2008. Les conséquences économiques de pratiques financières hasardeuses ont laissé l’impression que le secteur avait d’énormes pouvoirs d’actions souvent mal utilisés. Les mécanismes financiers semblent souvent incompréhensibles au plus grand nombre et cela augmente ce sentiment de défiance.
Il nous semble que l’ISR doit proposer de la traçabilité sur ses placements et établir des liens entre choix financiers et économie réelle, le tout en tenant compte d’enjeux comme le changement climatique ou les conditions de travail chez les sous-traitants. Faire de l’ISR aide à mieux analyser la solidité des business models des entreprises. En 2009, nous pensions que les acteurs financiers allaient massivement recourir à l’ISR pour restaurer la confiance perdue. Il gagne du terrain mais reste minoritaire. Nous pensions aussi que les particuliers allaient tout aussi massivement demander des comptes à leurs banques sur l’usage qui est fait de leur épargne. Cela arrive progressivement mais dans ce marché d’offre, le discours dominant reste de promettre aux épargnants de la performance financière en leur demandant de ne pas s’interroger sur les moyens mis en œuvre pour l’obtenir.
C’est un sujet complexe. Nous verrons si le concept de label ISR public permet de donner de nouveaux gages de crédibilité à l’ISR français pour l’investisseur final, qu’il soit particulier ou institutionnel. En l’état, c’est un peu particulier puisqu’il s’agit d’un label promu par les pouvoirs publics qui sera attribué par des organismes choisis par les sociétés de gestion et homologués par le Cofrac (Comité français d’accréditation). Cela constituera-t-il un gage de clarté et de confiance pour les épargnants individuels ? La question mérite d’être posée.
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