L’entreprise s’insère dans un écosystème qui dépasse le seul cercle des actionnaires : il comprend les collaborateurs, et de façon plus large les clients, les fournisseurs, les collectivités… La confiance est absolument fondamentale entre l’entreprise et ces différents acteurs.
Il est vrai que nous faisons face aujourd’hui à une crise de confiance, mais ce phénomène n’est pas nouveau. En France, les entreprises ont toujours été suspectes. Cela est moins le cas dans un pays comme les Etats-Unis, où l’esprit d’entreprendre est mieux compris et où la confiance est plus robuste grâce à la culture entrepreneuriale.
Il y a certainement eu, ces dernières années, un manque de transparence de l’entreprise et des rémunérations de dirigeants excessives. Je déplore toutefois la mise en place d’une série de règles à la complexité croissante pour endiguer ces dérives. Une réelle inflation en matière de « conformité » et de documentation s’observe.
Je ne pense pas que cet excès de règles bénéficie aux entreprises. Elles ne favorisent pas non plus la motivation des dirigeants.
Je pense que la rémunération des dirigeants doit rester raisonnable, tout en permettant à ceux qui réussissent de gagner des sommes qui les motivent et les récompensent. C’est dans l’intérêt de tous les acteurs de notre économie.
Les retraites des dirigeants, par exemple, sont désormais soumises à des conditions de performance, ce qui n’est pas le cas pour les salariés. Une telle mesure est difficile à comprendre.
Autre exemple : les bons de souscriptions d’action (BSA), qui permettaient aux startups de rémunérer et d’intéresser leurs collaborateurs, sont désormais taxés de la même façon qu’un salaire. Cela nuit à leur attractivité et ôte aux start-up un moyen pour attirer des talents.
Il faut une juste mesure entre la transparence et le respect de règles d’éthique – qui sont absolument nécessaires – et le foisonnement réglementaire auquel on assiste aujourd’hui. Il faut préserver la liberté d’entreprendre et éviter d’écraser les entreprises sous une administration excessive. Il faut, en quelque sorte, restaurer la confiance.
Elle fournit des informations très complètes sur la globalité de l’entreprise. Cependant, cette exhaustivité risque de nuire à sa lecture. La partie portant sur les risques, par exemple, traitée in extenso, est si détaillée qu’elle est susceptible de donner une vision faussée et pessimiste de l’entreprise.
Je suis favorable à l’ajout de données extra-financières, comme par exemple celles liées à l’impact de l’entreprise sur son environnement ou celles liées à la responsabilité sociale de l’Entreprise. Cependant, il faut veiller à la lisibilité des documents et parfois faire un effort de synthèse et de pédagogie.
Même si les quotas ont un côté injuste, je suis favorable à la loi Copé-Zimmermann qui a imposé 40% de femmes au sein des conseils des entreprises cotées. C’est la seule façon de progresser. Ce mouvement touche à sa fin puisque les exigences prévues par la loi seront bientôt remplies au-delà du CAC40.
Je constate un décalage entre les femmes qui ont l’ambition de devenir administratrices et les critères de sélection des conseils d’administration. Ces derniers sont avant tout en quête d’anciennes dirigeantes d’entreprise or, aujourd’hui encore, peu d’entre elles ont cette expérience. Il faudrait que les conseils d’administration modifient les critères de sélection pour attirer des talents féminins.
Les femmes sont généralement plus consciencieuses et préparent mieux les conseils d’administration. Cette démarche permet d’avancer plus vite sur les exposés et de consacrer plus de temps aux débats.
Je ne crois pas qu’il y ait un point de vue « féminin » au sein des conseils. En revanche, j’observe de véritables différences culturelles liées au pays d’origine des administrateurs et des administratrices. Une Française ne raisonne pas de la même façon qu’une Canadienne ou qu’une Norvégienne.
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