L’ « homme clé » est une personne indispensable au bon fonctionnement d’une entreprise, de par son expertise, ses compétences, son expérience ou encore sa connaissance de l’entreprise. Il s’agit souvent du dirigeant de l’entreprise et son départ, quelles qu’en soient les raisons (décès, retraite…) représente un risque majeur pour la société. Au sein des entreprises familiales, où le leader est souvent une figure forte et emblématique, à la fois leader familial, leader actionnarial et leader de l’entreprise, ce risque est à considérer avec attention. Comment peut-il être appréhendé et anticipé ? C’est sur cette question qu’une quarantaine de dirigeants d’entreprises familiales ont été amenés à réfléchir à l’occasion de la 29ème édition du Club Jeune Génération.
1/ L’une des premières questions que doit se poser l’entreprise est celle du successeur : qui prendra la relève après le départ de l’homme clé ?
Ce choix doit être fait le plus en amont possible, pour laisser le temps au repreneur de s’intégrer, de comprendre sa future fonction, d’acquérir sa légitimité en interne et en externe et, dans l’idéal, d’être « formé » par l’homme clé. Identifier un successeur suffisamment tôt permet également d’assurer une continuité dans les relations avec les fournisseurs et clients. L’homme clé de l’entreprise familiale entretient en effet fréquemment des relations personnelles de qualité avec ces différentes parties prenantes. Assurer la pérennité de l’entreprise, c’est donc aussi introduire le successeur au sein de ces réseaux et protéger des relations qui pourraient être longues et difficiles à rebâtir.
Le choix du successeur est parfois évident, mais il peut aussi poser des difficultés. Pour identifier le bon repreneur, il convient de comprendre et analyser le rôle et la position de celui qui cède sa place. Parfois pur leader charismatique, en matière d’impulsion et de vision, parfois plus pragmatique et impliqué dans les opérations et le quotidien… Ces éléments sont essentiels pour pouvoir identifier le successeur adéquat, dans une logique de continuité ou de rupture. Cette réflexion peut être menée en interne ou être externalisée afin d’éviter d’éventuels conflits entre les candidats potentiels. En effet, l’intervention d’un acteur externe pose un regard neuf sur la situation et permet d’opérer le choix sereinement.
2/ Minimiser les risques liés à un changement de dirigeant passe également par la définition et le développement d’une véritable stratégie d’entreprise
L’ADN de la société doit être suffisamment solide, clair et compris de tous pour que le départ d’un homme clé ne provoque pas de bouleversement majeur. Une culture d’entreprise forte et une bonne cohésion entre les collaborateurs autour de valeurs communes constituent des repères stables. Et permettent au repreneur parfois jeune et moins expérimenté de s’inscrire dans ce cadre et ces repères.
3/ Un impératif : la transmission
Ce qui rend l’homme clé indispensable, c’est avant tout un ensemble de savoirs et de savoir-faire qu’il maitrise parfaitement et qui ont fondé le succès de l’entreprise, par exemple : la connaissance intime de l’entreprise et son environnement, les savoir-faire stratégique et opérationnel, les processus qui ont fait leurs preuves, le réseau professionnel, les informations essentielles… Il est donc indispensable que ces éléments soient formalisés, intégrés, transmis et partagés. L’entreprise doit pour cela mener une réflexion en profondeur, notamment sur la manière dont ces éléments peuvent être transmis : à qui ? quand ? comment ? Là encore, cette démarche peut être réalisée en interne ou bien avec l’aide d’un intervenant extérieur.
Pour autant, la relève ne devra pas se contenter de respecter scrupuleusement ces enseignements. Mais ils constituent un héritage précieux sur lequel elle pourra s’appuyer pour développer l’entreprise après le départ de l’homme clé.
4/ La délégation des pouvoirs est un autre levier à activer pour anticiper au mieux le départ de l’homme clé
Plus le leader concentre de pouvoirs entre ses mains, plus son départ sera problématique pour l’entreprise. Ce risque est potentiellement élevé dans les entreprises familiales : le dirigeant peut être la pierre angulaire des histoires de la famille et de l’entreprise, ce qui lui confère un pouvoir décisionnel très fort. L’homme clé doit donc accepter de déléguer et de céder des responsabilités. Il doit veiller à responsabiliser ses collaborateurs et les autres membres de la famille, leur donner la capacité de décider et les préparer ainsi davantage à assurer l’avenir de l’entreprise.
5/ Une règle d’or : communiquer !
L’un des risques majeurs liés au départ de l’homme clé est l’inquiétude suscitée par ce départ auprès des clients, employés, actionnaires, partenaires, fournisseurs. Pour prévenir cette inquiétude et éviter la perte de clients ou de salariés, l’entreprise doit communiquer sur le fait qu’elle a anticipé ce départ, qu’elle a mis en place des actions concrètes et qu’elle est prête à écrire une nouvelle page de son histoire, afin de rassurer sur sa pérennité.
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