Les marchés financiers sont le lieu de rencontre entre deux communautés. Il y a d’un côté les entreprises qui sont à la recherche de moyens financiers pour se développer, et de l’autre les investisseurs qui peuvent leur apporter ces moyens. Le rôle des marchés est de faire que ces deux communautés se rencontrent et échangent. La confiance entre ces deux communautés est indispensable.
J’ajouterais que cette notion de confiance est importante non seulement dans le fonctionnement global des marchés, mais aussi au niveau de chaque entreprise, de chaque investissement. Lorsque l’on parle de transactions sur les marchés, on parle de trading, d’immédiateté. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’investissements dans la durée. On investit pour plusieurs mois, voire plusieurs années. Les marchés sont dans une logique d’anticipation où l’investisseur se projette et achète les perspectives de développement de l’entreprise. Il a donc besoin d’avoir confiance non seulement dans la façon dont l’entreprise présente ces perspectives, mais aussi dans sa capacité à les délivrer.
La situation actuelle est bien meilleure que ce qu’elle a pu être ces dernières années. On constate un retour à un climat de confiance. L’atmosphère est beaucoup plus sereine sur les marchés par rapport aux années qui ont suivi la dernière crise financière. C’est le cas tant du côté des entreprises que des investisseurs.
Il faudrait pour cela définir la normalité… Si l’on regarde ce qui s’est passé en 2008, je considère que nous sommes revenus à un fonctionnement classique des marchés. Cette situation se traduit d’ailleurs dans les chiffres : on peut la quantifier avec les volumes, les introductions en bourse… Cette équation, cette relation de confiance qui s’est ré-établie entre les entreprises et les investisseurs, est saine pour moi. Le caractère sélectif des investisseurs dans leurs politiques d’investissements est par ailleurs un élément clé aujourd’hui. Il nous protège de phénomènes de bulle qui pourraient à nouveau mettre à mal la relation de confiance entre les deux communautés.
La transparence est au cœur du contrat de confiance entre l’entreprise et l’investisseur. Mais attention : on a parfois tendance à présenter cette notion comme uniquement une contrainte, ce qui ne doit pas être le cas. Il faut positiver cette transparence, puisqu’elle permet justement à l’entreprise de tisser des relations de confiance avec ses actionnaires et d’obtenir les moyens financiers nécessaires à son développement sur la durée.
Concrètement, cela signifie que l’entreprise s’engage à diffuser un certain nombre d’informations. Celles-ci sont nécessaires pour que les investisseurs aient une vision exacte du développement de l’entreprise. Surtout, la transparence suppose que l’entreprise soit prête à communiquer quelles que soient les circonstances. C’est d’ailleurs justement lorsque la situation est plus difficile que l’on mesure la finalité de la transparence qui sous-tend ce contrat de confiance. A l’inverse, ce contrat peut être mis à mal dans le cas où l’entreprise ne joue pas le jeu lorsqu’elle traverse des périodes compliquées. J’insiste à nouveau sur la notion d’engagement sur la durée, qui rend nécessaire la transparence. Si l’investissement était seulement une opération instantanée, il suffirait de juger l’entreprise à un instant T. C’est pour cela que l’entreprise qui a établi une relation de confiance avec la communauté des investisseurs au moment de son introduction en bourse doit l’entretenir tout au long de sa vie boursière.
En effet, ces obligations de transparence sont encadrées de façon très précise, notamment par la réglementation de l’AMF (Autorité des marchés financiers). L’entreprise a des instructions très claires sur les informations qu’elle doit fournir au marché. Mais il existe une énorme marge de manœuvre au-delà du cadre établi par le régulateur et les législateurs. L’entreprise a ainsi l’obligation de communiquer a minima deux fois par an. Mais c’est le contenu de cette communication qui sera le plus important pour l’investisseur. Je pense notamment à la façon dont l’entreprise explique la direction qu’elle a prise depuis sa dernière publication. Une communication financière efficace est celle qui apporte du contenu, de la valeur ajoutée, et non celle qui se contente de coller au cadre réglementaire.
C’est un discours que l’on entend un peu moins aujourd’hui, et je pense que l’on peut s’en féliciter, même s’il reste encore beaucoup à faire. C’est aussi pour ça qu’EnterNext a été créé : pour faciliter l’accès des PME au marché. La tendance en matière de levées de fonds est actuellement extrêmement favorable pour ces entreprises : elles sont de plus en plus nombreuses à recourir au marché.
Je pense donc que nous avons réussi à rétablir ce lien de confiance entre les entreprises et les investisseurs, et à l’entretenir. Je ne constate en tout cas pas de différences aujourd’hui dans la manière de juger les PME et les grandes valeurs de la part des investisseurs. Une relation de confiance beaucoup plus directe s’établit avec le management d’ entreprises de plus petite taille. Cela s’explique par leur structure plus légère. S’agissant des valeurs moyennes, c’est donc le dirigeant qui se retrouve le plus souvent face aux investisseurs, ce qui doit favoriser la confiance.
Absolument. C’est une tendance lourde, qui n’est pas nouvelle. Je constate depuis plusieurs années une montée en puissance significative de l’investissement responsable. Elle repose sur deux piliers : le premier est la gestion ISR (Investissement socialement responsable), qui consiste à sélectionner une série d’émetteurs sur des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Cette gestion est en très forte progression ; elle dépasse aujourd’hui les 220 milliards d’euros d’encours. Le deuxième pilier est l’intégration de plus en plus fréquente de critères ISR dans la gestion financière au sens large. Il ne s’agit pas d’un effet de mode, mais bien d’un phénomène de fond, qui ne s’applique pas uniquement aux grands groupes, mais aussi aux PME et aux ETI. Ce sont aujourd’hui surtout les investisseurs institutionnels qui sont investis sur cette problématique. Elle touche moins le grand public jusqu’à présent, mais je suis convaincu que l’on assistera à un développement fort de cette approche ISR chez les particuliers à l’avenir.
Premièrement, elle les conduit à davantage de transparence. Elle les incite aussi à faire évoluer leur comportement, par exemple en essayant de réduire au maximum leur empreinte carbone. Ce contexte suscite par ailleurs le développement d’une analyse spécialisée sur les données extra-financières. Cette analyse fournit aux investisseurs de l’information sur le rapport des PME aux problématiques ISR. Je pense qu’il y a aujourd’hui un enjeu qui concerne la façon dont sont établis les critères extra-financiers sur lesquels les émetteurs sont jugés. D’importants progrès ont été réalisés depuis l’apparition de ces critères, mais une marge de progression demeure en matière de transparence. Il est fondamental que les émetteurs puissent connaître et comprendre quels sont les éléments retenus dans le cadre de gestions ISR.
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