ETI françaises : un moral au beau fixe ?

Comme chaque semestre, nous avons pris en mars dernier le pouls des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) françaises, à travers un baromètre réalisé en partenariat avec « L’Usine Nouvelle ». Ce deuxième baromètre de l’année fait le point sur les grands enjeux 2016 des ETI. Avec, comme conclusion majeure, un message d’optimisme : globalement, nos ETI manifestent un ensemble de signaux qui montrent qu’elles ont confiance dans l’avenir et qu’elles sont bien inscrites dans une dynamique de croissance.

Selon notre sondage mené auprès de 739 ETI françaises, dont 60 % dans l’industrie, 75% des décideurs interrogés se déclarent optimistes quant au futur de leur entreprise. Un optimisme qui se traduit à la fois par une hausse des projets de croissance externe, une ouverture sur l’international ainsi que par des investissements dans la R&D en hausse.

En termes de modèle de croissance, le mix croissance interne / croissance externe est toujours le modèle privilégié de développement des ETI. Mais par rapport au précédent baromètre réalisé en juillet 2015, les ETI sont plus nombreuses à renouer avec des stratégies de croissance externe (+ 4,7 points), et cela malgré une prise de risque supérieure à la croissance organique. Cette légère hausse concerne essentiellement les entreprises de 250 à 500 salariés et les grandes ETI de 1 000 à 5 000 salariés. Encouragées par des taux intérêts bas et un climat de confiance renforcé, ces entreprises se lancent davantage dans des projets d’acquisitions, en cohérence avec l’optimisme affiché. En parallèle, les principaux freins susceptibles de ralentir cette croissance sont globalement perçus comme moins menaçants qu’en 2015 : la faiblesse des perspectives de développement du marché intérieur, le coût du travail, le poids de la réglementation ou encore l’environnement fiscal notamment sont jugés moins handicapants. A l’inverse, l’intensité concurrentielle reste perçue comme un obstacle important à la croissance.

L’optimisme affiché par les ETI françaises se traduit également par une augmentation des dépenses en R&D. La part d’entreprises consacrant plus de 7 % de leur chiffre d’affaires à des dépenses de R & D progresse ainsi de 4,9 points par rapport à juillet. A noter tout de même : le décrochage des entreprises de 500 à 1000 salariés, dont la part de CA consacré à la R&D est en baisse de 2.4 points. Ces investissements sont principalement réalisés en France, un effet probable du dispositif du crédit impôt recherche qui constitue un facteur potentiel d’attractivité du territoire pour les ETI. Ce sont les ETI les plus importantes qui investissent le plus en R&D à l’étranger

Troisième signe révélateur d’un certain regain d’optimisme : le nombre des implantations hors hexagone, qui montre que les ETI françaises se sont largement internationalisées. Près de 32% des ETI interrogées et 50 % des grandes ETI (de 1 000 à 5 000 salariés) déclarent disposer de plus de 10 sites à l’étranger et sont ainsi proches de la structuration du modèle des grandes entreprises. Ces implantations sont le plus souvent situées dans la zone Euro, en Asie et en Amérique du Nord. Et si les futurs projets d’implantation sont principalement orientés vers la zone Euro et la zone Asie, l’Afrique occupe, en 2016, la 3ème place du classement avec des projets d’implantations pour 21,3% des ETI. Les ETI en dessous de 1000 salariés s’appuient pour beaucoup sur les réseaux locaux étrangers. L’ouverture internationale se réalise également via l’export, qui constitue une part très significative du chiffre d’affaire des ETI. De plus, cette part de chiffre d’affaire dépasse largement les frontières européennes : une ETI sur cinq réalise 20 à 50% de son chiffre d’affaires hors Union Européenne.

Plus confiantes dans l’environnement économique actuel et la croissance de leur activité dans les mois à venir, les ETI françaises renouent avec des stratégies plus offensives. C’est un bon signe, le signe qu’elles sont prêtes à investir et à se développer. Un état d’esprit positif qui reste à confirmer au deuxième semestre 2016… Rendez-vous au prochain baromètre !

 

Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter.

Expert-comptable et commissaire aux comptes, Emmanuel Gadret rejoint Deloitte en 1992 et devient associé Audit en 2003. Il est membre du Comex de Deloitte France depuis juin 2017 où il occupe successivement la fonction de Deputy Audit & Assurance Leader France et Chief Operating Officer France et Afrique francophone. Auparavant, il a été responsable de l’ensemble des bureaux régionaux de la firme. A ce titre, il a accompagné et conseillé de nombreuses entreprises dans leurs projets de croissance et de transformation.

Published by

Recent Posts

Cas d’usage des captives de réassurance, entre gestion du risque corporate et opportunité financière

Article co-rédigé avec Cyril Chalin, Charles-Henri Carlier, Joseph Delawari et Pape Modou Mbow. La loi…

1 an ago

Talent Acquisition et compétences face au changement organisationnel

Entretien avec Jérôme de Grandmaison (VP Talent Management, Product Lines & Functions, Alstom) à l’occasion…

1 an ago

Refonte du questionnaire lutte anti-blanchiment : une approche qui évolue avec des impacts forts pour les entités assujetties

Article co-écrit par Ivann Le Pallec (Senior Consultant Risk Advisory) et Valentin Brohm (Manager Risk…

1 an ago

Future of luxury travel

Five Trends Shaping the Market Hear “luxury travel,” and you’re likely to envision a swirl…

2 ans ago

E-Euro : l’interview de Frédéric Faure, Head of Blockchain chez Banque de France

Interview réalisée par Marie-Line Ricard, Associée Blockchain & Web 3, Jérémy Stevance, Manager Blockchain &…

2 ans ago

La prise en compte de sujets fonctionnels résultant de la réforme de la demande et des attributions, une opportunité pour les acteurs de la réforme

Article co-rédigé avec Wilfrid Biamou, Senior manager. Les évolutions réglementaires successives Alur du 26 mars…

2 ans ago