Un mouvement vers les produits responsables enclenché par les banques mais qui reste encore confidentiel

La finance verte reste encore pour le moment très orientée sur des produits financiers à travers la notation des investissements socialement responsable (ISR). Les grandes banques traditionnelles françaises n’ont pas encore véritablement enclenché une démarche de transformation de leurs produits « retail » auprès du grand public.

Malgré tout, la demande est là : les Français et en particulier les jeunes souhaitent se tourner vers le « Green »

  • Plus de 52% des jeunes Français (15-24 ans) estiment que la politique RSE de leur banque améliore leur opinion de celle-ci. En priorisant les enjeux environnementaux à hauteur de 78% devant les enjeux sociaux et sociétaux
  • Pour 36 % des Français, la politique RSE améliore leur opinion d’une banque

Source : Etude Confiance Deloitte 2021

L’enjeu qui se pose aujourd’hui est double. Le premier est de savoir comment les banques de détails vont pouvoir renouveler leurs produits et leurs offres de la banque au quotidien pour les adresser sous un angle « responsable ». Le second est de réussir à déterminer des critères suffisamment attractifs pour les clients tant d’un point de vue financier que d’un point de vue « impact » pour assurer l’adhésion du plus grand nombre et en faire la nouvelle norme.

 

Qu’est-ce que la Finance durable ?

La Finance « durable » recouvre trois concepts : la finance solidaire, la finance socialement responsable et la finance verte. Elle s’inscrit dans la poursuite des objectifs de l’Accord de Paris et représente un enjeu majeur pour la Commission Européenne : le financement de la croissance durable.

La Finance verte repose sur une vision éthique de l’investissement financier en conciliant performance économique et impact positif sur l’environnement. Cela passe notamment par l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (dits ESG) et des objectifs d’investissements durables dans le fonctionnement et les produits proposés par les acteurs financiers.

 

Des enjeux environnementaux au centre des réflexions de l’écosystème bancaire

Une dynamique lancée au niveau européen

En réponse aux nouvelles attentes, les investissements européens éco-responsables ont augmenté significativement durant les 5 dernières années. Dans le cadre du lancement de la politique européenne sur la finance durable, les fonds verts connaissent une évolution moyenne de 120% entre 2019 et 2020 (encours), mais représentent toujours seulement 2% des fonds européens. Les fonds dédiés spécialement aux réductions des émissions carbone enregistrent quant à eux, une augmentation de +865% entre 2019 et 2020.

Source : Novethic/ Carbon 4 – 2021

 

Tour d’horizon des initiatives « Green » auprès des acteurs bancaires traditionnels et pure players

Les acteurs bancaires développent de nouveaux produits et services bancaires afin de répondre aux nouvelles exigences éco-responsables de leurs clients et cherchent à les accompagner dans leur objectif de transition énergétique.

L’analyse porte sur les quatre grandes familles de produits et services bancaires :

  • Banque au quotidien : tenue de compte, moyens de paiement, relation conseiller
  • Services extra-financiers : calcul de l’empreinte carbone à travers la collecte des données de consommation et de paiement, partenariat avec des acteurs de diagnostic énergétique, initiatives de compensation carbone…
  • Produits d’épargne : comptes et livrets d’épargne spécifiques à la finance verte, assurances-vie, actions, obligations, PEE, PER…
  • Produits de financement : prêts accordés sur la base de critères d’éligibilité « vert »

Analyse comparative réalisée auprès de 6 acteurs traditionnels et 7 Néo-banques/Pureplayers sur le marché bancaire français – Mars 2022

Banques traditionnelles : Société Générale, BNPP, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, La Banque Postale

Néo-banques : Helios, GreenGot, OnlyOne, Bunq, Boursorama, Hello Bank, MaFrenchBank

 

Quels enseignements en tirer ? 

  • Les banques traditionnelles se positionnent pour le moment sur les offres d’épargne et de financement en accompagnant le segment particulier sur une épargne « responsable » et les entreprises dans le financement de leur transition énergétique. Avec comme principale action, l’intégration de critères ESG comme nouvelle norme dans la construction des produits d’investissement.
  • Les néo-banques « green », arrivées seulement en 2020 sur le marché français prennent leur place et développent des solutions essentiellement tournées sur la banque au quotidien permettant de répondre à la demande grandissante du segment Particulier (transparence des frais bancaires, redistribution auprès d’initiatives responsables…). Cependant, certaines de ces néo-banques comme Helios ou Green Got commencent à se positionner sur des produits d’épargne « Green » dédiés au financement de projets à impacts positifs tels les énergies renouvelables, l’économie circulaire ou bien encore la protection des forêts et des océans.

 

En synthèse, ce tour d’horizon des initiatives « Green » sur le marché bancaire permet d’acter d’un mouvement enclenché chez les acteurs traditionnels pour repenser leurs produits bancaires en prenant en compte de nouveaux critères responsables dits ESG. Un mouvement qui pousse également de nouveaux acteurs « pure player » à se positionner sur ce segment et à construire leur modèle bancaire en intégrant ces nouveaux critères comme marqueur de différentiation pour capter une clientèle de particuliers, notamment chez les jeunes (15-24 ans) pour lesquels la prise en compte de cette dimension en fait un nouveau critère de choix.

Cette nouvelle dimension pose désormais la question des critères et des normes qui fait qu’un produit d’épargne ou d’investissement est « Green ». Pour faire du responsable la nouvelle norme, il faudra faire preuve d’exigence dans les notations des produits pour éteindre la tendance au « green washing » et construire ainsi un modèle de finance « durable ».