Web3, NFT (Non Fungible Token), Gaming et Pétaverse : DOGAMÍ, moteur d’une nouvelle ère de l’internet qui redéfinie les codes et les relations entre les acteurs

Interview croisée entre Bilal El Alamy, Fondateur et CTO de DOGAMÍ & Julien Maldonato, Associé FSI Deloitte.

DOGAMÍ est un pionnier français des NFTs qui propose à ses utilisateurs un jeu vidéo « Play-to-Earn » alliant gaming, NFTs, métavers et utilisant les mécanismes de la finance décentralisée. Bilal El Alamy, co-fondateur et CTO de DOGAMÍ, et Julien Maldonato, Associé FSI & Fintech chez Deloitte en charge des sujets d’innovation, nous exposent leur vision du métavers, du Play-to-Earn et des opportunités associées au Web3.

 

DOGAMÍ est un projet récent qui mêle NFTs, métavers et gaming, quelle est la genèse de ce projet et comment intègre-t-il l’ensemble de ces composantes dans un produit utilisable par un particulier ?

Bilal El Alamy : A la genèse de ma carrière, je me suis lancé dans l’entreprenariat avec un projet dédié à la finance traditionnelle. C’est la naissance d’Equisafe. Ce projet nécessitant d’utiliser la technologie Blockchain et étant de nature curieuse, je me suis naturellement renseigné sur la DeFi (Decentralized Finance). Puis, en 2021, il y a eu l’explosion des NFTs (ou Non Fungible Tokens) qui ont connu leurs premiers succès dans le monde artistique en proposant une source de revenu et de financement alternative pour les artistes.

Pour autant, j’avais l’ambition de lancer un nouveau projet dans l’univers du gaming et l’arrivée de cette vague NFT et métavers m’a fait comprendre que c’était le bon moment pour 3 raisons :

  • La technologie blockchain sur laquelle repose les NFTs et le métavers permet de monétiser son temps de jeu en créant une économie non inclusive. (DOGAMÍ repose sur la blockchain Tezos) ;
  • Les NFTs permettent de vérifier l’inventaire des accessoires disponibles dans un jeu grâce à la transparence de la blockchain, c’est ce qui permet « la rareté digitale » ;
  • L’interopérabilité des métavers (ou des univers de jeu) permet d’utiliser un avatar ou un accessoire dans plusieurs jeux, ce qui permet d’avoir un historique beaucoup plus fort.

Je ne suis pas un grand gamer, mais l’utilité était assez parlante.

Le Play-to-Earn est un nouveau secteur dans l’univers du gaming comme l’était le Free-to-Play dans les années 2010 et pour lequel il y a un marché à capter.

DOGAMÍ est un monde virtuel en 3D accessible à tous qui s’inscrit dans plusieurs univers : les jeux NFT et Play-to-Earn, la pop culture et les animaux de compagnie. L’objectif est de créer un phénomène de société avec la création de nombreux produits dérivés (merchandising, comics-books, films, …) afin de créer une marque digital native qui se formaliserait toute aussi bien dans le monde réel.

Finalement, DOGAMÍ est une entreprise de divertissement dont le produit d’appel est un jeu vidéo qui permet d’acheter un chien en NFT, de jouer avec ce dernier dans le « Pétaverse » en le dressant ou en participant à des compétitions pour gagner des jetons $DOGA (la crypto-monnaie native du jeu). DOGAMÍ souhaite également faire le lien entre son « Pétaverse » et le monde réel en proposant d’interagir avec son animal grâce à la réalité augmentée. Par ailleurs, afin de démultiplier les usages pour des « Dogamers » (propriétaires de NFT DOGAMÍ), l’entreprise a acquis en mars 2022 un terrain sur le métavers The SandBox afin d’y créer un hub communautaire. Enfin, depuis mars 2022, le token $DOGA est disponible sur l’application DOGAMÍ ainsi que sur la plateforme d’échange Vortex.network (une plateforme d’échange décentralisée) et sur Gate.io (une plateforme d’échange centralisée).

 

Julien Maldonato : Le web ne cesse d’évoluer, la première version a permis de consulter du contenu en ligne. La seconde (ou version actuelle) a ajouté la notion de partage et d’enrichissement du contenu disponible. Le Web3 s’inscrit dans cette évolution en incluant une nouvelle notion : la propriété numérique. Cela prend naissance grâce au concept de jeton / token.

La jetonisation de la société permet l’arrivée du concept « X-to-Earn » dont le « X » peut être remplacé par « Play », « Learn » ou encore « Move » selon les projets et permet d’inciter l’utilisateur final à effectuer des actions en échange d’une récompense. Le jeton récompense pourra avoir été programmé pour des usages précis (accès à des biens ou des services) ou pour être échangeable contre d’autres jetons (stables par exemple). Cette mécanique de jeton-incitation est issue de la théorie des jeux et devrait permettre de faire entrer nos sociétés dans des cercles plus vertueux de comportements. Le plus souvent, les règles de ces nouvelles organisations sont définies par des communautés ouvertes et sont scellées dans des contrats auto-exécutés, appelés « Dapps » dans les réseaux Web3.

 

De nouveaux acteurs se lancent dans le métavers en s’appuyant sur la technologie NFT. Quel est le modèle économique derrière et en quoi est-ce différent d’une société classique de jeu vidéo ?

Bilal El Alamy : Les sources de revenus d’un jeu vidéo dans le métavers se scindent en deux catégories :

  1. Les revenus uniques à travers les ventes d’avatar et d’accessoires NFT, le déverrouillage de nouvelles fonctionnalités ou mode de jeu ;
  2. Les revenus récurrents grâce aux frais de participations au jeu, aux commissions prise lors de ventes sur le marché secondaire (DeFi) ou encore aux frais prélevés lors de la reproduction de deux NFTs (breeding fees). Le breeding désigne la création d’un nouveau NFT (ici d’un nouveau chien) à partir de deux NFTs existants et compatibles (ici deux chiens) ;
  3. La vente de produits dérivés (réel) en partenariat avec des marques.

 

Il est d’ailleurs amusant de noter que pour certains projets de la finance décentralisée (ou DeFi) les revenus viennent majoritairement des commissions prélevées lors de l’achat, la vente ou l’échange de la monnaie numérique ainsi que les apports de liquidités sur des plateformes décentralisées plutôt que par leur activité traditionnelle.

Julien Maldonato :

L’émergence du Web3 et de son fonctionnement décentralisé redéfinit les codes et le modèle économique des organisations qui y prennent part. Les modèles existants devront évoluer, notamment avec un déplacement des acteurs traditionnels d’une position centrale vers une position périphérique avec des nouveaux rôles pour accompagner les entrées-sorties des réseaux Web3. Ce sont ces nouveaux rôles qui seront générateurs de valeur dans le futur, leur modèle de revenus se préciseront à mesure que les réseaux Web3 se démocratiseront. Ainsi, les limitations du modèle existant devraient tomber, et avec, le cercle vicieux des positions centrales qui captait de plus en plus excessivement la valeur.

 

Le métavers et les cas d’usages associés en sont à leurs prémices. Comment imaginez-vous la suite pour ce qui est présenté par certains détracteurs comme une bulle ?

Bilal El Alamy : Le métavers est une nouvelle plateforme, un nouveau canal de distribution qui permet de pousser de l’information aux utilisateurs. Je suis intimement persuadé que le métavers va révolutionner 3 secteurs en particulier :

  1. Le gaming et ses adeptes verront leur expérience décuplée et plus immersive. Ils seront également rémunérés grâce au mécanisme de Play-&-Earn ;
  2. Les médias seront également impactés puisque le contenu consommé par le grand public sera dans le métavers. Une transition similaire à celle des médias traditionnels (journaux, télévision, …) vers internet et les réseaux sociaux est à prévoir ;
  3. Le commerce connaitra également une transition importante dans la lignée des médias et notamment avec le marketing sur les réseaux sociaux qui sera transposé dans l’univers en 3 dimensions. Le e-commerce connaitra davantage d’engagement et une expérience utilisateurs augmentée. L’émergence des avatars et de l’identité digitale doit permettre la naissance d’articles virtuels.

Pour favoriser le développement de nouveaux projets liés au Web3 et au métavers, nous avons lancé Pyratz Labs, un incubateur pour accompagner les jeunes acteurs au démarrage de leur projet et à mettre à l’échelle les initiatives éprouvées.

Julien Maldonato : La troisième dimension du web3, les métavers, vont révolutionner l’expérience utilisateur en la rendant plus immersive, plus naturelle. De la même manière que nos téléphones sont devenus ces dernières années une extension technologique de nos 5 sens, les casques, les lunettes, le neuralink continueront dans cette voie vers l’Humain augmenté. Après le microscope et le télescope, l’émergence de ce nouvel outil va continuer à nous aider à mieux appréhender la complexité du monde. Les services financiers, au titre de « système nerveux » de notre société, doivent se pencher sur l’impact des réseaux Web3 sur leurs activités. Comme mentionné dans notre étude Deloitte, « bien que l’avenir du métavers soit encore inconnu, il existe plusieurs actions que les dirigeants peuvent d’ores-et-déjà mettre en place :

  1. Ne pas sous-estimer le potentiel ;
  2. Adopter une vision à long terme ;
  3. Se concentrer sur la demande et sur ce qui motive les utilisateurs ;
  4. S’engager en faveur d’un « métavers responsable. »