Le cashback : une alternative à l’évolution du parc d’automates en France

A l’heure où les agences bancaires continuent de perdre du terrain face au digital, de nombreuses communes, notamment dans les zones rurales, se retrouvent privées de moyens de retrait de cash à proximité. Focus sur le cashback, une pratique introduite par la directive européenne sur le paiement n°2, dite DSP2. 

La France bénéficie d’un large réseau de distribution de billets, qui compte aujourd’hui 54 000 distributeurs[1]. Pourtant, le nombre de DAB tend à se réduire, sous l’effet à la fois des fermetures d’agences bancaires et du boom du paiement sans contact, qui a réduit l’utilisation du cash. La répartition reste par ailleurs inégale sur le territoire, au détriment du monde rural, où il faut parfois parcourir plusieurs kilomètres pour pouvoir retirer du cash.

C’est là que le cashback entre en scène : cette nouvelle forme de retrait express permet aux clients d’un magasin de retirer du cash en même temps qu’ils réalisent un achat par carte bleue. Cette pratique est déjà courante dans plusieurs pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni.

 

Ce service profite aux commerçants et aux différentes chaînes de distribution locales, qui peuvent faire de ce service un avantage concurrentiel et/ou un service à part, à l’instar du Groupe Casino, qui a annoncé fin 2018 la mise en place de ce service dans plus de 150 supermarchés et 80 hyper Géant sur tout le territoire français.

Les commerçants qui décident d’adopter le cashback doivent réfléchir à la stratégie qu’ils souhaitent mettre en place autour de cette nouvelle pratique, et aux objectifs que celle-ci doit servir. Le cashback répond-il à un objectif de fidélité comme pour le groupe Casino ? Dans ce cas, il s’agit de fidéliser les clients grâce à un avantage concurrentiel qui est l’accès au cashback gratuit pour les clients. Ou bien le cashback est-il plutôt conçu comme une nouvelle offre B2C ? Il s’agit alors d’implémenter un nouveau service payant de retrait de cash, qui pourrait s’avérer lucratif surtout en monde rural.

Le cashback : un risque de blanchiment d’argent ?
Non. Les opérations de cashback doivent respecter plusieurs conditions :
• Le paiement doit s’effectuer impérativement par carte bancaire, et donc de facto, les chèques ne le permettent pas.
• Afin de faire le retrait d’argent auprès de son commerçant, le client doit effectuer une opération d’achat d’au minimum 1€
• Le commerçant ne peut remettre au client une somme de plus que 60€
• Le commerçant doit mentionner dans le ticket de caisse l’opération de cashback et avoir un logiciel dédié pour la gestion de la trésorerie des opérations de cashback

La limite imposée des 60€ sert à réduire donc le risque de fraudes et permet de mieux lutter contre les réseaux de blanchiment .

Après les paiements sans contact, les Apple Pay / Samsung Pay, et autres paiements digitalisés via smartphone, le cashback permettra d’augmenter l’usage de la carte bancaire. Dans les environnements ruraux ou périurbains, ce service est une réponse apportée au législateur européen pour anticiper l’évolution des réseaux d’agences bancaires dans lesquelles la présence d’un DAB n’est plus systématique. Cela garantira une accessibilité à l’utilisation des espèces pour l’ensemble des clientèles et ce, sans aucune discrimination. Reste maintenant à voir son application à grande échelle, qui reste jusqu’à aujourd’hui très limitée…

[1] Selon un sondage réalisé par le Groupement Cartes Bancaires

Julien Maldonato est Associé Conseil Industrie Financière, expert des sujets d’innovation et de transformation digitale. Il accompagne les Banques, Assurances et Fintech dans le pilotage de projets complexes : création d’activités, lancement d’offres, refonte de modèles de distribution, digitalisation et socialisation de processus. Il est spécialisé dans le digital et technologies de ruptures appliqués aux services financiers : Intelligence Artificielle, Blockchain, objets connectés.

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