Le sport en entreprise ne doit pas être réservé aux sportifs

Les bénéfices de la pratique sportive, notamment en entreprise, sont évidents, tant au niveau individuel que collectif, mais ils pourraient être bien plus importants si l’on prend en compte les motivations et les besoins de tous les publics, notamment dans une approche associant étroitement sport et santé.

Quand une entreprise incite ses salariés à faire du sport, celle-ci touche en premier lieu, comme toute incitation, ceux qui y sont déjà réceptifs : les sportifs. Ces derniers sont ravis de bénéficier de facilités pour améliorer leur pratique sportive. Ils voient également dans ces politiques d’entreprise l’opportunité de créer du lien social en interne, lien d’autant plus fort que les relations hiérarchiques s’aplanissent lorsque le PDG et l’employé courent ensemble. Mais quid des autres profils ?

Deux catégories supplémentaires doivent être considérées : ceux qui ne sont pas sportifs, mais actifs et en bonne santé ; ceux qui sont réellement sédentaires et qui, en moins bonne condition physique, présentent plus de risques de développer des maladies chroniques, celles-ci touchant 20 % de la population. Pour s’adresser à l’ensemble de ces catégories, les entreprises doivent mettre en place une politique d’activité physique adaptée et intégrée dans les actions d’amélioration de la santé au travail.

La première action, la plus évidente, est l’information puis la formation. Les bénéfices du sport sur la santé sont connus mais ils sont rarement détaillés, ou alors exprimés sous la forme de recommandations généralistes pas toujours convaincantes. Pourtant, la médecine sportive est riche d’enseignements, y compris sur des sujets qui paraissent loin du sport mais proche des salariés, comme la gestion du stress, de la posture ou encore du sommeil. En partant de ces problématiques concrètes, il est possible de les illustrer à travers, par exemple, le vécu de grands champions, et d’enrichir ces témoignages d’un avis médical et les confronter au vécu des collaborateurs pour proposer des mesures concrètes et faciles à mettre en place afin d’améliorer leur quotidien. Ce type de formation peut même être comptabilisé comme une formation professionnelle.

La seconde étape consiste à compléter le bilan de santé traditionnel d’une évaluation de la condition physique, mesurant des indicateurs fonctionnels cardiaques, respiratoires et musculaires. Ces indicateurs, outre le fait qu’ils permettent de dépister des risques de santé, sont un préalable à la construction de programmes personnalisés visant à l’optimisation de la condition physique, dans un objectif d’amélioration de la santé ou de la performance sportive. L’expérience démontre qu’ils sont également plébiscités par les employés, notamment parce que cela les place au cœur d’une dynamique personnelle qu’ils sont libres d’amorcer. Beaucoup le font avec une véritable perspective d’amélioration. Certains services RH ont même intégré ces tests dans les parcours professionnels pour faciliter le retour à l’emploi après un arrêt maladie, pour prévenir les Troubles Musculo Squelettiques, pour accompagner un collaborateur soucieux de « retrouver la forme » ou avant un départ à la retraite. Autre exemple, une entreprise offre ce bilan de condition physique à tous ses commerciaux.

La dernière étape, la plus ambitieuse, est d’internaliser la pratique sportive médicalisée avec la création de salles de sport en interne. Ces salles ne sont pas standards mais conçues en fonction des besoins existants et anticipés des différents publics présents dans l’entreprise. Il s’agit notamment de prendre spécifiquement en compte les publics sédentaires, que la pratique sportive inhibe pour diverses raisons, afin de créer des espaces et des programmes adaptés. Cette démarche fonctionne et a même pour incidence de faire de la politique sportive de l’entreprise un marqueur fort de sa marque employeur auprès des publics sédentaires, majoritaires.

Ainsi, pour qu’une politique sportive d’entreprise porte réellement ses fruits, elle doit cibler spécifiquement ceux à qui elle serait le plus bénéfique ! L’association explicite au volet médical permet de matérialiser ce bénéfice, grâce à l’information, puis de créer le point de départ d’une dynamique individuelle grâce à la mesure d’indicateurs de la condition physique. Une fois ces bases posées, il est aisé d’élaborer un programme dédié adapté pour améliorer la santé et le bien-être des salariés et, du même coup, la performance et la réputation de l’entreprise.

Roland Krzentowski est médecin du sport et de médecine physique, il est chargé de cours à la Faculté de Médecine de Sorbonne Université. Il a longtemps exercé sur le terrain et notamment au niveau fédéral auprès des équipes de France de ski puis d’athlétisme. Il a ensuite mis son expertise du haut-niveau au service du grand public en fondant et présidant Mon Stade et ClinicProSport, deux sociétés dédiées à la conception et à la mise en œuvre de programmes de Sport Santé pour les entreprises. Il est, par ailleurs, président de la commission Sport Santé du Comité Départemental et Sportif de Paris. Expert reconnu dans son domaine, il est régulièrement sollicité pour intervenir dans les médias et auprès de diverses institutions.

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