Quel avenir pour leISR ?

Article rédigé avec Ophélie Peypoux, Senior Manager Risk Advisory et Yoan Chazal, Associé, Investment Management Services.

L’engouement des investisseurs pour les produits financiers « verts » a véritablement explosé ces dernières années et la crise de la COVID-19 n’a fait que renforcer cette tendance. En France, d’après les dernières données publiées par l’AFG, les encours de la gestion responsable ont atteint 1.861 milliards fin 2019. Dans ce contexte, le label ISR lancé en 2016 par le ministère des Finances présente un intérêt commercial fort, en permettant de rendre ces produits plus visibles aux yeux des investisseurs en France et en Europe. Fin août il représentait plus de 508 fonds labellisés, pour un total de 204 milliards d’euros, constituant ainsi – avec le standard belge Towards Sustainability – le duo de tête des labels européens.

Selon un communiqué diffusé le 29 juillet, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, a demandé à l’Inspection générale des finances de procéder à l’évaluation du label et de son organisation. L’objectif est « de tirer le bilan de ces trois premières années d’existence ». Les résultats de cette réflexion « contribueront à construire la feuille de route du label pour les prochaines années ».

En parallèle, le cahier des charges du label a déjà fait l’objet de plusieurs améliorations au cours de ce même mois de juillet, visant à renforcer la transparence et la mesure des impacts positifs de la gestion ESG. Ce nouveau cahier des charges, qui entrera en vigueur le 23 octobre 2020, a également permis d’élargir le périmètre du label en rendant éligibles les mandats ainsi que les fonds immobiliers.

Le succès du label ISR est donc indéniable, et il est amené à évoluer, mais pour autant suffit-il ou suffira-t-il ? Force est de constater que le nombre de fonds en Europe disposant de deux, trois, voire quatre labels de finance durable augmente, constate Novethic. Et nombreux sont les gestionnaires qui réclament l’avènement d’un label européen afin de simplifier et clarifier la communication auprès des épargnants.

Mais un label européen peut-il à lui seul couvrir toute la diversité de méthodologies et d’approches qui constituent l’investissement responsable ? Ou faut-il continuer à multiplier les labels propres à chaque approche et à chaque marché ?

Le CFA Institute fait le pari d’une alternative : celle d’un référentiel international de reporting ESG, qui s’appliquerait à toutes les méthodologies et tous les marchés, et qui serait fondé sur la transparence et la comparabilité, pour une communication claire et efficace des sociétés de gestion auprès de leurs investisseurs. Chaque portefeuille appliquant ce référentiel serait catégorisé en fonction de ses caractéristiques ESG, permettant ainsi aux investisseurs de plus facilement cibler les produits d’investissement recherchés, sans pour autant adopter l’approche prescriptive d’un label. Les sociétés de gestions qui souhaiteront appliquer ce standard pourraient être vérifiées par un tiers indépendant pour apporter de la crédibilité à leur démarche.

Cela ne serait pas la première fois que le CFA parviendrait à mettre tout le monde d’accord : depuis plus de 20 ans, les standards GIPS® publiés par le CFA Institute sont internationalement reconnus comme la meilleure pratique de marché pour le calcul et la présentation des performances, et la plupart des principales sociétés de gestion les ont adoptés. Le référentiel ESG du CFA Institute – dont la publication d’une version préliminaire est prévue pour mai 2021 – connaitra-t-il le même succès ? Toutes les conditions pourraient bien être réunies…

Servane rejoint Deloitte en juillet 2014. Son champ d’expertise couvre notamment les problématiques réglementaires liées à l’asset management, mais également à la mise en œuvre de réglementations transversales telles que PRIIPs ou MiFID II, la commercialisation des produits financiers et la protection des investisseurs. Elle était auparavant Responsable commercialisation et Vie des acteurs à l’AFG. Elle a participé à l’élaboration de la position de l’AFG sur diverses réglementations ainsi qu’à la transposition en droit français des réglementations européennes.

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