Dans le cadre de son plan d’action pour une finance durable, la Commission européenne a émis trois recommandations qui trouvent logiquement écho dans les nouvelles règlementations européennes :
Cette dernière recommandation se voit notamment mise en œuvre via le règlement « Disclosure »1, publié en 2019 et complété par le règlement « Taxonomie »2 de 2020, qui impose une transparence en matière de durabilité à l’ensemble des acteurs du secteur financier.
Ainsi, sites internet, informations précontractuelles et rapports périodiques des produits financiers3 devront dès mars 2021 intégrer un certain nombre d’informations sur la prise en compte (ou non) du risque de durabilité, sur les caractéristiques ESG des produits, la promotion d’investissements durables (respectant en outre le principe d’absence de préjudice significatif aux autres facteurs ESG – « do no significant harm » ou DNSH) ou de réduction des émissions de carbone.
Encore peu familiers des notions de durabilité, les acteurs des marchés financiers vont devoir rapidement intégrer de nouveaux concepts, tels que le risque de durabilité ou les incidences négatives en matière de durabilité. Si le premier concept est relativement intuitif, le second est plus ardu.
Au-delà de la capacité de chacun à faire sien ces concepts, il sera surtout primordial de pouvoir les mesurer, les estimer car ce sont bien des informations sur la prise en compte de ces concepts par les acteurs qui devront être publiées.
Et cela ne concerne pas que les acteurs qui font la promotion de produits « ESG »4, puisque certaines dispositions s’appliquent à tous les acteurs des marchés financiers5. Ainsi, toutes les sociétés de gestion, par exemple, seront dans l’obligation de publier des informations relatives à l’intégration des risques de durabilité dans leur processus d’investissement, dans la gestion des fonds ou encore dans leur politique de rémunération. Bien que la règlementation permette tout de même aux acteurs d’expliquer pourquoi ils n’intègrent pas ces risques, il sera difficile dans le contexte actuel d’afficher que rien n’est entrepris en matière de durabilité. Pour preuve le nombre exponentiel de labélisation de fonds.
Cependant, c’est sans doute le reporting sur la prise en compte des principales incidences négatives en matière de durabilité qui posera le plus de difficulté à la fois d’identification et d’estimation. D’autant plus que les autorités proposent de fonder ce reporting sur 32 indicateurs harmonisés qui devront de facto être pris en compte.
Au-delà de la simple organisation à mettre en place pour publier et monitorer ces nouvelles informations sur les supports requis, encore faut-il notamment :
Mais au-delà de ces impacts, l’un des enjeux majeurs de cette réglementation sera la mise à disposition des données par les émetteurs. Les acteurs des marchés financiers ne sauraient évaluer les risques de durabilité ou les incidences négatives de leurs investissements sans des données sur les activités des entreprises financées.
De même les fameux produits multi-optionnels, qui ont été l’objet de tant de discussions durant la mise en œuvre de PRIIPs7, ne pourront répondre à leurs obligations qu’en s’appuyant sur les données fournies par les divers supports proposés (fonds, produits structurés…).
Compte tenu des nombreuses incertitudes existantes sur la mise en œuvre de cette réglementation, on comprend l’inquiétude des acteurs et la volonté de certains de demander un report à janvier 2022 au plus tôt.
En imposant la transparence en matière de durabilité, les autorités européennes réussiront-elles à organiser et harmoniser la prise en compte de critères extra-financiers malgré leur nombre et la diversité des méthodologies d’évaluation possibles ?
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