Interview croisée entre Edouard de Raulin, Head of Sales chez Adyen & Ghislain Boulnois, Associé Industrie Financière, le 21 juillet 2021.

Fintech néerlandaise originellement start-up, Adyen est désormais une multinationale : 24 bureaux dans le monde, valorisée 66 milliards d’euros à la bourse d’Amsterdam.

Comment parvenez-vous à vous différencier au sein de l’écosystème des paiements, dans un contexte où les nouveaux entrants se multiplient et incitent de nombreux acteurs à tenter de récupérer des parts de marché ?

 

Edouard de Raulin : L’élément différenciant d’Adyen est sa plateforme unifiée permettant une vision omnicanale de la donnée de paiement, pour le web, le mobile, les magasins physiques. Nous proposons ce que cherchent à développer beaucoup d’acteurs, y compris internationaux : une plateforme de paiement unique, standardisée mais en même temps qui s’adapte aux spécificités de chaque entreprise. En termes de gestion des impayés, d’intégration ou encore d’excellence opérationnelle, cette simplification représente un avantage significatif pour nos clients.

A titre illustratif, nous avons mandaté Forrester Consulting[1] afin d’évaluer dans quelle mesure l’utilisation d’Adyen avait un impact sur le business de nos clients retailers. Il en ressort que, grâce à notre plateforme, ceux-ci améliorent d’environ 70% leur productivité, en réduisant le nombre de partenaires et de solutions de paiement, et diminuent de 40% les faux positifs, les entreprises apprenant à identifier les fraudeurs et à préserver les transactions légitimes.

 

Vous venez d’obtenir une licence bancaire aux Etats-Unis ; par ailleurs, en août 2020 vous avez annoncé un partenariat avec le géant chinois du paiement Alipay.

L’expansion sur les autres continents, en particulier l’Asie, est-elle une nécessité pour les Fintechs paiement en 2021 ?

 

Edouard de Raulin : Effectivement l’expansion internationale est aujourd’hui clé et, l’Asie, notamment, représente un marché conséquent en volume, avec une forte appétence côté clients. Notre objectif est de nous étendre sur tous les continents en acquérant des licences d’acquisition : sur le marché européen depuis 2012, Singapour, Hong-Kong, l’Australie, la Nouvelle-Zélande en 2017, les Etats-Unis en 2020, etc. Nous sommes également présents au Brésil, à Dubaï et au Japon et continuons de faire croître nos activités à l’international.

 

Vous venez de lancer Adyen Restore (cf ici) permettant aux e-commerçants de proposer à leurs clients une compensation de l’empreinte carbone de leur(s) achat(s).

Dans quelle mesure les enjeux ESG[2] et la responsabilité de votre empreinte environnementale impactent-ils votre stratégie ?

 

Edouard de Raulin : Adyen Restore s’inscrit dans la continuité de notre approche RSE, après le lancement il y a quelques années d’Adyen Giving, qui permet aux clients de faire un don à des associations, en toute simplicité, au moment du paiement en magasin. Sur ce système – et c’est également le cas pour Adyen Restore- nous prenons à notre charge tous les frais de transaction liés aux dons, ensuite intégralement reversés aux associations.
Adyen Restore, fonctionnalité de compensation carbone intégrée au check out, s’inscrit dans cette même démarche ESG qui, pour nos clients comme les consommateurs finaux, est aujourd’hui un critère important. En effet, selon notre étude retail, 62% des Français déclarent que l’éthique des retailers est aujourd’hui plus importantes à leurs yeux du fait de la pandémie[3].

 

Plus généralement, selon vous, quels challenges/technologies impacteront le marché du paiement à court et/ou moyen-terme ?

 

Edouard de Raulin : Il y a déjà tellement de travail à réaliser sur ce qui est disponible aujourd’hui, c’est cela la priorité. Si on se projette un peu, le paiement sans friction est sans doute le principal challenge à venir. L’expérience client d’un paiement invisible, fluide, sécurisé est l’objectif de tous pour satisfaire au maximum les consommateurs. Les magasins sans caisse Amazon Go[4] et, plus globalement, le drive / click and collect piéton ont été pionniers. En France, nous accompagnons Boulanger qui s’est lancé très tôt dans ces nouveaux parcours, et aussi, depuis déjà plusieurs années, Etam qui a travaillé sur son concept Try at Home : le client choisit ses articles en magasin puis dispose de 7 jours pour essayer chez lui et décider des articles qu’il conserve. Il retourne ensuite gratuitement le reste de sa commande et n’est débité que des seuls articles conservés.

 

Quelles nouvelles fonctionnalités envisagez-vous de développer pour les commerçants, notamment grâce à la masse de données que vous collectez en tant qu’acquéreur monétique ?

 

Edouard de Raulin : Les données de paiement constituent un vecteur incontournable de croissance pour les marques à qui elles appartiennent. Nous pouvons les analyser à la demande de nos clients, mais pas les exploiter à notre compte.

Adyen a lancé son offre d’émission de cartes physiques et virtuelles sur les deux réseaux Visa et Mastercard. Cette offre pourra permettre à une Marketplace, par exemple, de fournir des cartes à leurs couleurs, à destination de ses revendeurs pour qu’ils puissent utiliser les fonds encaissés presque instantanément après avoir réalisé la vente.

La demande des revendeurs des Marketplace est de pouvoir recevoir les fonds le plus rapidement possible, ce qui est presque instantané grâce au fait que Adyen est sur toute la chaine du paiement.

 

[1] Étude Forrester, Total Economic ImpactTM commandé par Adyen en janvier 2018
[2] Enjeux ESG : critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance
[4] Présents depuis déjà trois ans aux Etats-Unis, Amazon a inauguré son premier Amazon Go en Europe (Londres) début mars 2021