Et si on changeait d’autant plus facilement en France en décidant de faire ce que, profondément, nous voulons ! Il ne s’agit pas ici de règles et de lois à écrire, de taxes et de normes à revoir, mais de diminuer, dans les meilleures conditions, la pollution, de respecter la nature, notamment à proximité des villes, d’innover pour offrir le plus en avance les produits et prestations de demain, afin de les tester, de travailler à une économie circulaire plus efficace, de réduire les gâchis, de s’occuper des personnes âgées, d’aider les jeunes à bien se former… Et s’il s’agissait de travailler pour répondre aux nouveaux besoins, donc aux emplois de demain et après-demain, et donc de changer pour le faire au mieux ?

Est-ce rêver, ou bien est-ce la vraie façon de changer, avec ce qui répond aux valeurs sociales aujourd’hui en mouvement ? Pourquoi donc ne pas présenter les changements et les réformes avec cette grille de lecture ? Tout le monde veut réduire la pollution, freiner le réchauffement planétaire, lutter contre la déforestation, améliorer le goût et la qualité de ce que nous mangeons, lutter contre le chômage, entretenir ses compétences et sa santé – entre autres ! Alors, pourquoi ne pas dire comment l’entreprise dans laquelle nous travaillons s’inscrit dans les mégatrends de ce que nous voulons ? Et comment améliorer son positionnement ? Et donc comment changer ?

S’agit-il de « statut » à conserver ou de « sens » à donner à son travail, ce qui implique de mieux le définir et de le faire évoluer ? On retrouve le purpose proposé par Nicole Notat et Dominique Sénart dans leur rapport, mais aussi, par exemple, des moyens pour faire changer les entreprises d’énergie afin qu’elles réduisent leur empreinte carbone. Et ainsi de suite. Le changement n’est pas d’obéir au Cac 40 et à la loi du profit, à Bruxelles ou Washington, ce qui braque bien souvent et est toujours partiel, mais de répondre à l’évolution des besoins. Freiner ou s’opposer aux changements et aux réformes prend alors un tout autre sens : non plus maintenir ses « avantages acquis » (à quel prix et payés par qui ?), mais comment les faire évoluer avec et pour la société.

Il faut donc piloter l’entreprise à long terme en fonction de besoins essentiels à mieux satisfaire, se donner des objectifs d’amélioration et mesurer régulièrement les prestations de l’entreprise dans leur satisfaction. La concurrence prend alors un autre sens, pas seulement d’être moins cher, mais d’être plus en avance, plus près du client, plus apte à s’adapter et à réagir. Elle donne donc des leçons ! La crise, la perte, la faillite ne sont pas les « adaptations » de l’offre à la demande, mais ce qui se passe si l’offre n’a pas vu, pas prévu ou pas bien éclairé ce monde qui bouge.

Il ne sert donc pas à grand-chose d’inquiéter sur la concurrence des pays à bas coût, sur les robots et les programmes qui vont nous remplacer, sur ce qui va nous disrupter si on ne montre pas où tout ceci peut aller, et les efforts à faire pour mieux répondre, soi-même, aux demandes. L’offre gagne toujours, mais le coût en sera d’autant plus élevé dans la révolution industrielle mondiale que nous vivons, si rien n’est dit sur la logique de la demande. Prévoir au mieux ce que l’on veut et s’y préparer, avec les meilleures techniques, c’est réussir en expliquant et en convainquant pour être constamment compétitif.

« On ne change pas la société par décret », on le sait, ni par la peur, mais par la communication sur la situation, les choix à faire, les objectifs et résultats obtenus, pas à pas. Changer plus facilement dans les entreprises en France ? Par la culture de leur responsabilité sociale, la seule à même d’améliorer durablement la situation. Un jeu qui en vaut la chandelle !