A quoi ressemblera le travail demain ? Comment travaillerons-nous ? Quel lien unira entreprises et collaborateurs ? Et quel rôle jouera le DRH au sein de ce nouvel équilibre ? Pour imaginer le futur du travail, il faut prendre acte de l’existence de deux dynamiques : d’une part le poids grandissant de la technologie, avec l’avènement, notamment, de l’intelligence artificielle ; d’autre part l’allongement de la durée de la vie humaine et des carrières. Nous avons donc d’un côté, un rythme technologique qui s’accélère à une vitesse exceptionnelle ; de l’autre, un temps humain qui s’étire et qui s’allonge.

Ces deux dynamiques opposées vont pourtant cohabiter et s’influencer au sein de nos organisations. Pour mettre en musique ce nouvel ensemble, le DRH verra son rôle évoluer : il deviendra garant de l’équilibre et du mélange harmonieux et performant de ces différents rythmes.

Quand la technologie s’accélère…

La technologie permet d’automatiser et de prendre en charge de plus en plus de tâches, de la plus simple à la plus sophistiquée. Au premier niveau, les robots prennent en charge des actions répétitives et monotones effectuées par l’homme. Au deuxième niveau, les technologies cognitives miment l’humain. Enfin, l’intelligence artificielle reproduit le fonctionnement même de l’esprit humain. La vitesse à laquelle toutes ces technologies évoluent et se perfectionnent aboutit à une obsolescence accélérée de certaines des compétences humaines. Nos études ont montré que la « demi-vie » d’une compétence professionnelle (période au bout de laquelle 50% de son impact ou de sa pertinence disparait) est aujourd’hui de moins de 5 ans, alors qu’elle se situait aux alentours de 30 ans dans les années 80. Ainsi, certaines écoles d’informatique n’enseignent plus à leurs élèves la maitrise de tel ou tel langage, mais leur apprennent plutôt à apprendre car il s’agit de l’une des compétences clés de demain.

… et que nos durées de vie et de carrières s’allongent !

La moitié des travailleurs aujourd’hui âgés de 20 ans sera un jour centenaire… Par conséquent, les carrières qui durent actuellement 35 ou 40 ans dureront 50 ans, voire plus. Cet allongement du temps d’activité a un impact sur le rapport à l’entreprise, avec une mobilité accrue des nouvelles générations qui n’hésitent plus à changer d’employeur plusieurs fois dans leur carrière. De plus, les formes de travail et de collaboration au sein des organisations se diversifient, avec près d’une entreprise sur quatre prévoyant une augmentation du nombre de consultants et de freelances dans leur organisation au cours des prochaines années[1]. Les entreprises devront alors imaginer de nouvelles manières d’intégrer et de mobiliser leur capital humain, quelle que soit la forme du contrat. Un chantier qui ne fait que commencer : aujourd’hui moins de 20% des entreprises se disent prêtes à gérer une population non salariée (freelance, consultant, etc.), alors que plus de huit entreprises sur dix y a recours en 2017[2].

Et le DRH dans tout ça ?

Face à ces deux dynamiques qui s’imposent, le DRH devra être en mesure de répondre à plusieurs questions. Comment les métiers seront susceptibles d’être impactés par le nouveau monde digital qui s’annonce ? Seront-ils remplacés ? Augmentés ? Comment imaginer ceux qui n’existent pas encore ?

Si ces questions ne peuvent être résolues rapidement, il est nécessaire de réfléchir dès aujourd’hui à la manière dont nous utiliserons et intégrerons les technologies et les feront cohabiter avec les hommes. Il importe également de s’interroger sur les nouveaux modèles d’organisation, beaucoup moins « processées » et plus mouvantes qui font leur apparition. Face à des populations de travailleurs plus enclins à changer régulièrement d’employeur, les DRH devront mettre en place de nouveaux outils et de nouvelles démarches pour attirer, engager, mobiliser et donner envie de rester. L’enjeu sera également de s’adresser à plusieurs « publics » différents : salariés permanents d’une part et collaborateurs « intermittents » comme les freelances d’autre part.

Une chose est sûre : le monde du travail va se métamorphoser en profondeur, et cela ne se fera pas sans heurts ni inquiétudes. La transformation sera réussie si, et seulement si, nous faisons de cette révolution du travail une question avant tout humaine.

 

[1] Etude sur les tendances RH 2018, Deloitte
[2] Idem.