Parce que la data n’a de valeur que par son usage, la faculté des acteurs de l’immobilier à se doter de cette capacité à l’exploiter est un enjeu central dans la digitalisation de leurs activités.

Une digitalisation tardive des métiers de l’immobilier, désormais pleinement engagée

La digitalisation a débuté tardivement dans le secteur de l’immobilier, vers 2015, mais s’est accélérée fortement ces derniers mois, notamment en raison des impacts de la pandémie, rendant certains usages incontournables : visites virtuelles, actes notariés à distance, assemblées générales de copropriété en visioconférence, commissions d’attribution dématérialisées, etc…

Les enjeux des acteurs de l’immobilier en matière de digital portent à la fois sur l’amélioration du niveau de valeur ajoutée produite et sur l’optimisation de la performance.

Des évolutions significatives en termes d’outils, mais un gisement encore sous-exploité sur le volet de la donnée

Le premier niveau de digitalisation observé vise à adapter les process en fonction des nombreux nouveaux outils digitaux disponibles (capteurs, smartphones, cloud, visioconférence, 3D, BIM, RPA, chatbots, Webapp, etc.).

L’étape suivante consiste à apporter plus de valeur aux clients, partenaires et collaborateurs au travers d’une utilisation étendue des données à disposition, qu’elles soient bâtimentaires, techniques, de marché ou de toute autre nature.

Collecter la donnée n’est pas l’exploiter

Il ne s’agit pas tant de collecter le maximum de données, que de sélectionner et exploiter les données pertinentes, de les associer et de leur donner du sens, afin de produire de la valeur, des services, ou de simplifier les process de gestion.

La digitalisation des activités impose non pas une simple numérisation des informations, mais la capacité à réinterpréter les modes de collaboration des acteurs de l’immobilier avec leur écosystème, que ce soit avec les clients, les partenaires et les prestataires.

Ces évolutions impliquent notamment une meilleure utilisation et circularisation de la data dans les processus, sur l’ensemble du cycle de vie de la donnée.

Pour atteindre ces objectifs, et aboutir en termes d’usages cela implique :

  1. De faire évoluer les modes et méthodes d’idéation et de conception

Une des clés de succès en matière de projet réside dans le fait de ne pas partir des possibilités techniques existantes pour en déduire son besoin, mais bien de partir des problématiques rencontrées pour aboutir à des cas d’usages précis à traiter grâce à l’exploitation de la donnée. Cette approche permet de maximiser l’impact métier, et de se prémunir d’un projet trop « technocentré » et déconnecté de la réalité opérationnelle.

L’association de l’utilisateur final tout au long de la démarche est donc cruciale, de l’identification des cas d’usages jusqu’à la co-construction des solutions et de leur mise en œuvre concrète.

Les éléments de méthode déployés doivent répondre aux orientations suivantes :

  • Avoir une approche de type « User centric » que ce soit pour le développement des services et usages, pour les clients comme pour les collaborateurs
  • Adopter les bonnes méthodes pour conduire l’innovation et la transformation
  • Accélérer l’innovation par la conduite du changement, enrichir les compétences et diffuser une « culture de la Data »

Selon les besoins et les objectifs poursuivis, différentes méthodes d’idéation et de conception de projets peuvent être mobilisées, telles que les méthodes agiles, le Lean, le Design Thinking, les hackathons …. qui recourent souvent à des processus itératifs et à des méthodes d’animation adaptées.

L’essentiel étant d’être souple, pragmatique et réactif, en acceptant le « Test & Learn », et donc la possibilité de se tromper pour pourvoir réorienter les travaux.

 

  1. La conjugaison de compétences pour une exploitation optimisée de la donnée

 

L’exploitation de la donnée ne doit pas être silotée, mais produite uniquement par et pour des spécialistes.
L’association et la conjugaison des expertises Data, Métier et Système d’Information sont essentielles pour produire le maximum de valeur.

 

  1. L’intégration de nouvelles compétences

Nouveaux usages, nouveaux outils et nouveaux enjeux impliquent également la mobilisation de nouvelles compétences, et notamment pour :

  • Avoir la capacité à sélectionner, structurer et ordonner la donnée,
  • Analyser et révéler les relations entre les données et en extraire l’essence,
  • Expliquer le sens des données, proposer des solutions de restitution et de visualisation.

Ces évolutions impliquent de se doter de compétences spécifiquement orientées « Data », avec des profils de type « Data Scientists », tout faisant monter en compétence les managers pour développer la culture et la collaboration sur les projets.

La question de l’intégration de ce type de compétences n’est pas simple, du fait de la rareté des profils sur le marché, de la relative complexité des métiers et de la culture naissante des professionnels du secteur sur ces sujets.

 

La digitalisation des acteurs de l’immobilier doit aborder dans les mois et années à venir un nouveau virage en tirant mieux parti de la richesse de l’information dont ils disposent.