Article co-écrit avec Julien Llanas, Senior Consultant
A l’heure où le marché de l’enseignement supérieur se mondialise et où les mobilités étudiantes – internationales comme régionales – se généralisent, les établissements doivent plus que jamais réfléchir aux moyens d’attirer et de fidéliser les étudiants. La qualité de l’offre de formation est devenue un critère nécessaire mais non suffisant : les établissements qui se démarqueront sont ceux qui proposeront un service « seamless » conjuguant information pertinente, aides au logement et soutien financier personnalisé. Les solutions offertes par le numérique constituent un levier important pour répondre à cette triple ambition.
Le premier critère susceptible d’influencer le choix d’un établissement pour un étudiant est la qualité de l’information dont il dispose.
L’étudiant a en effet besoin de données précises sur l’adéquation entre ses acquis, son parcours et la formation visée. Pour les étudiants qui changent de filière, ou de pays, cette information doit être d’une granularité très fine puisqu’elle doit répondre à des questions sur la reconnaissance de la formation délivrée par un système étranger, parfois à l’échelle d’un semestre, ou bien le degré d’équivalence entre une formation et une autre.
Aujourd’hui, l’accès à cette information pose souvent problème du fait de sa dispersion et de son caractère peu personnalisé. Plusieurs initiatives existent à l’échelle européenne et à l’échelle nationale mais sont encore insuffisantes :
Alors comment apporter aux étudiants la bonne information, de manière claire et cohérente ? La région semble légitime pour se saisir de cet enjeu car elle peut s’adresser à l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur, public et privé, et dispose d’un certain leadership permettant à ces acteurs de faire converger les canaux d’information relatifs à leur offre de formation. Les étudiants en recherche d’un master par exemple devraient pouvoir accéder à une base de données rassemblant l’offre de formation en master à l’échelle régionale (voire nationale) pour pouvoir continuer dans de bonnes conditions leur formation après la licence. Le secteur privé a également son rôle à jouer : de jeunes entreprises innovantes comme Study Advisor se positionnent sur la question de l’information des étudiants pour faciliter leur orientation, en mettant en relation des étudiants ayant un projet de cursus avec des étudiants plus expérimentés ayant déjà accédé au cursus ciblé.
Pour séduire et attirer les étudiants, les établissements doivent également réfléchir à la meilleure manière de les accompagner dans le financement de leurs études.
Le Québec, état fédéral à dimension régionale, a mis en place un faisceau de télé-services qui permet aux étudiants de simuler, déposer des demandes de bourses ou de prêts et de profiter d’une gestion fluide de leurs finances personnelles. L’accès à ce faisceau de services de manière personnalisée et sur terminal mobile semble être la prochaine étape.
Mais si les bourses et prêts, issus de financements publics ou parapublics, sont les options les plus répandues, d’autres formes d’aide financière peuvent être imaginées.
Certains établissements nouent par exemple des partenariats privilégiés avec des organismes bancaires pour compléter l’action sociale institutionnelle. D’autres développent des solutions alternatives telles que le mécénat ou le financement participatif (en partenariat avec des startups de la fintech française) pour soutenir leurs étudiants. Il peut être intéressant également de développer des « places de marché dynamiques » pour permettre aux étudiants de trouver plus facilement un contrat d’alternance ou un emploi à temps partiel.
La question du logement est également un facteur-clé pour le choix d’un établissement. Dans certaines régions ou métropoles, malgré l’ambition des décideurs, la rentrée étudiante est souvent synonyme d’angoisse pour ceux qui ne trouvent pas de logement correspondant à leur budget : certains étudiants devront parfois renoncer à un projet de formation.
Des initiatives publiques ou privées sont déployées, avec pour certaines une formule proche d’Airbnb et pour d’autres une dimension d’engagement social importante comme la location intergénérationnelle : une personne âgée loue une chambre à tarif préférentiel en échange de service lui permettant d’assurer son autonomie. Des startups se positionnent également sur les enjeux du logement étudiant comme la jeune pousse Studapart.
L’expression numérique de la diversité de l’offre d’une part et de la diversité des besoins d’autre part (parfois de courtes durées pour des formations pouvant durer seulement quelques semaines) engendre la création de données en masse. Avec les technologies disponibles aujourd’hui, un traitement de ces données à l’échelle locale ou régionale pourrait déboucher sur la mise en place d’un service de mise en relation entre demandeurs et offrants s’appuyant sur l’intelligence artificielle et des interfaces homme-machine en langage naturel.
Dans le cadre d’une compétition mondiale de plus en plus prégnante, les établissements d’enseignement supérieur et les régions doivent plus que jamais envisager le parcours étudiant dans sa globalité – non plus seulement la formation, mais aussi l’accès à l’information, au logement et à des financements – et s’appuyer pour cela sur les dernières avancées du numérique. L’échelle régionale, renforcée par la réforme territoriale, semble pertinente pour permettre la collaboration des acteurs publics et privés investis dans l’accompagnement des étudiants.
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