Article coécrit par Esther Degnide, Consultante Junior Financial Services Industry et Sara El Bekri, Senior Manager, Consultante Financial Services Industry
(cf. Article 5 facteurs pour réussir votre projet de Process Mining)

Au croisement entre Robotic Process Automation (RPA) et Data Mining, le Process Mining est une approche combinant l’exploration de données et l’optimisation des processus métiers d’une organisation. Outre la réalisation d’avantages directs, une entreprise fait le choix de déployer des initiatives de Process Mining pour offrir davantage de transparence sur les processus et améliorer la productivité. Ces initiatives profitent à tous les utilisateurs et ouvrent la voie à de nouveaux progrès. Les bénéfices du Process Mining couvrent un spectre large de la chaîne de valeur tels que l’expertise avancée multidimensionnelle pour l’analyse des causes profondes ou encore la vérification automatisée de la conformité des processus.
A travers l’enquête 2021 de Deloitte sur le Process Mining, nous analysons pourquoi les entreprises, et plus particulièrement les entreprises européennes cherchent à développer des projets de Process Mining. Nous observerons de quelle manière cette technologie apporte de la valeur ajoutée aux entreprises à travers ses différentes applications.

 

Un marché en plein essor malgré une présence disparate à travers le globe

Les perspectives de développement sont prometteuses pour le Process Mining, une technologie encore récente. En effet, les premières techniques de découverte de processus et de conformité, toutes implémentées dans l’outil Open Source ProM, ont été développées entre 2000 et 2006. Par la suite, de nombreux fournisseurs ont vu le jour comme Celonis, en 2011. D’après notre enquête, 83% des entreprises ont dépassé le stade du Proof Of Concept (PoC) avec le Process Mining. On estime que le potentiel de croissance dans ce domaine est de plus de 70 % au taux de croissance annuel composé (TCAC) au cours des prochaines années.
Désormais, les organisations se projettent dans une expansion de leur initiative de Process Mining, et ce à grande échelle. Cette approche novatrice devient de plus en plus puissante à mesure que les entreprises de plusieurs secteurs reconnaissent l’importance de bien comprendre les processus dans une perspective d’excellence opérationnelle.

Le champ d’application du Process Mining est vaste. Ses principaux domaines sont les achats (67%), la comptabilité (60%) et le commercial (49%). On retrouve également une multitude d’autres activités comme l’IT, la logistique et la production utilisé par près de 40% des sondés, ou encore le contrôle de gestion et la relation client pour près d’un tiers des répondants.
Ces chiffres témoignent de l’adaptabilité de cette technologie. Le Process Mining peut être mis en place au sein d’un grand nombre d’unités et de directions et être implémenté sur n’importe quel processus outillé. Néanmoins, le marché est bien plus mature en Europe qu’ailleurs. Le continent est le berceau du Process Mining d’après les experts, malgré une forte extension de cette technologie dans d’autres régions du monde. Pour quelles raisons, cette technologie axée sur l’exploration de données est-elle prépondérante en Europe, même plusieurs années après la naissance du marché ?

En matière d’adoption de Process Mining, l’Allemagne (35%) domine le marché européen. La Suisse (13%) se positionne devant le Royaume-Uni (4%) et les Pays-Bas (4%). Cela peut s’expliquer par la demande grandissante de solutions d’analyse des processus et d’automatisation de la part des entreprises. On constate une véritable discipline des organisations du continent à l’égard du Process Mining, a contrario des États-Unis ou du Brésil où il est encore inconnu. A noter que près des 10% des répondants à notre sondage ne connaissent pas le Process Mining. Ce chiffre s’explique par un manque de connaissances et savoirs sur le sujet et également par une expertise inadéquate chez les collaborateurs.
Cette différence de maturité sur le marché du Process Mining est le résultat de facteurs divers. En effet, l’Europe a une forte maturité en matière d’automatisation en raison d’une forte excellence opérationnelle au sein des organisations, d’une proximité avec les équipes de recherche autour de l’intelligence du processus et des éditeurs historiques ou encore d’un niveau d’industrialisation relativement élevé. L’Allemagne et les Pays-Bas sont les principaux pays contribuant au marché de l’optimisation des processus en Europe. A l’heure où plusieurs entreprises sont en recherche de nouvelles opportunités d’automatisation, le Process Mining intervient comme un outil aidant à le faire grâce à l’identification de chemins de processus simples prônes à l’automatisation.

D’après l’étude, d’autres raisons ont été identifiées pour justifier la non-adoption du Process Mining par les entreprises comme des projets jugés plus prioritaires, des restrictions budgétaires ou encore le manque de soutien de la direction. En effet, l’engagement des dirigeants se présente comme un des 5 facteurs pour réussir votre projet de Process Mining. Cette technologie peut s’avérer perturbatrice et augurer une nouvelle façon de travailler, d’où l’importance de sponsors hauts placés pour accompagner les collaborateurs dans le changement.

 

Une technologie conçue pour favoriser l’excellence opérationnelle

Les organisations exécutent leurs processus et leurs opérations à travers des milliers de systèmes différents. Ce paysage fragmenté entrave les performances de l’entreprise ainsi que ses capacités d’exécution. Implémenter du Process Mining permet donc de passer outre la complexité des systèmes et des processus métier pour observer l’exécution de bout en bout. En effet, il fournit des informations facilitant la prise de décisions dans l’entreprise. Dans des sociétés marquées par la pandémie, il est capital de mettre en évidence les pertes de productivité, les retards d’exécution et autres dysfonctionnements de processus, accentués par le travail à distance.

Les données peuvent aujourd’hui s’avérer complexes à analyser et ce, malgré l’émergence d’outils de plus en plus spécifiques et intuitifs. Avec du Process Mining, une organisation obtient une vue globale sur les temps de traitement réels des processus et identifie les exceptions et leurs causes profondes. De ce fait, le client bénéficie donc d’une offre de qualité ce qui garantit une meilleure satisfaction client sur le long terme. Il s’agit d’une attente partagée par près de 20% des répondants à notre étude. En déployant cette technologie innovante, les entreprises délivrent des informations plus précises qu’ils peuvent confronter à leurs besoins et promesses clients.

Depuis quelques années, on dénombre de plus en plus d’entreprises qui poursuivent des initiatives d’automatisation. Le Process Mining – via l’exploration des processus – élimine les conjectures en mettant en exergue les processus inefficients et les sources de friction. Cette technologie capture ainsi les goulots d’étranglements et affine les flux de travail tout en optimisant les coûts et en permettant une meilleure allocation des ressources. Le Process Mining répond également à un autre défi puisqu’il améliore la gestion des risques et de la conformité. Il va ainsi évaluer un processus réel par rapport à un modèle cible de ce même processus et mettre en avant les écarts. Cette technique apporte des réponses aux problématiques suivantes : quels obstacles perturbent les processus ? comment ces derniers évoluent-ils dans le temps et dans l’espace ? de quelle manière peut-on palier à ce manque de productivité ?

D’après l’étude, 35% des répondants souhaitent que le Process Mining réponde à la problématique de conformité des processus. Ainsi, il peut apporter des solutions aux contraintes réglementaires, très fréquentes dans certains secteurs comme la banque ou encore l’assurance. Cette technologie est donc susceptible d’intéresser toute entreprise, souhaitant recueillir des données sous le respect du Règlement Général de la Protection des Données (RGPD).

 

Des cas d’usage multiples pour le Process Mining

Axé sur trois grands principes – à savoir la découverte des processus, le modèle de conformité et l’amélioration des processus –, le Process Mining étonne par son adaptabilité. Via l’analyse et l’exploration des données, cette solution garantit des opérations harmonisées pour les organisations qui la déploient.

 

La découverte des processus

Le Process Discovery est une des principales applications du Process Mining. Il consiste à identifier et établir un modèle de processus, qui le décrit tel qu’il doit se dérouler grâce à des algorithmes et des représentations graphiques. Cette analyse est une porte ouverte vers le perfectionnement continu et l’excellence opérationnelle. Dans un souci d’amélioration du bien-être des collaborateurs, la découverte des processus réduit ainsi les tâches complexes et chronophages et identifie les pratiques les plus efficientes.

 

Le modèle de conformité

L’objectif du contrôle de conformité est d’évaluer dans quelle mesure les données relatives aux logs d’évènements correspondent à un modèle cible. La Conformance Checking permet de vérifier que le modèle concorde bien à la réalité. Ces analyses constituent une forte valeur ajoutée pour la bonne compréhension des processus de l’entreprise. Elles assurent la coïncidence entre d’une part les règlementations en vigueur et d’autre part la sécurisation de l’information.

 

L’amélioration des processus

Il est courant que les données et métadonnées soient analysées en silo dans un flux de processus opérationnels et représentent un réservoir important d’informations sous exploité. En implémentant des outils de Process Mining, les organisations se tournent vers une source unique de vérité avec des informations entièrement fondées sur les faits grâce au Model Enhancement. Elles ont ainsi une véritable vue d’ensemble sur l’exécution des processus de bout en bout. Il est désormais plus facile de comprendre les détails derrière ces processus, à partir des données à disposition.

Etude Deloitte réalisée auprès de 24 pays entre octobre et décembre 2020. Pour accéder à la totalité de l’étude, cliquez ici