Les robots : des choses, des chats, des « personnes morales » ou des enfants ?
Publié le 17 mai 2017
Horreur : les robots sont notre nouveau risque, pire que l’automobile pour le maréchal-ferrant. Ils détruisent les emplois et n’ont pas de patrie. Avec leurs pinces et outils de soudure au bout de leurs bras mécaniques, ils ne sont pas encore libres – mais demain ? Ils obéissent à des logiciels qui les contrôlent, les protègent d’une usure excessive, améliorent leurs performances et, désormais, les font apprendre avec et de leurs congénères. L’immatériel les guide, un soft qui coûte de plus en plus cher que le hard et qui peut partir immédiatement, si on s’avise de le taxer. Les robots, ce sont surtout des programmes qui animent, surveillent et optimisent les « choses », dans des chaînes de production et de distribution toujours plus étendues, en amont et en aval. Ils deviendront des voitures autonomes, des aides chirurgiens, des surveillants, des « dames de compagnie », des drones… Vont-ils nous échapper ? Nous diriger ? Nous rendre inutiles ?
Bonheur : ces nouvelles technologies satisfont plus finement nos besoins. Elles vont même au-devant de nos souhaits, nous permettant d’obtenir des biens et services plus adaptés et moins chers. Elles rendent plus efficace notre utilisation de la terre, de l’eau, des matières premières et de l’énergie. Ces nouveaux outils vont mieux suivre notre santé et prendre soin de nous, avec l’âge. Ils permettent aussi aux pays émergents d’aller plus vite, de sortir de la misère, de nourrir une population croissante, et de nous concurrencer ! Comment réagir à cette dualité du robot : solution et menace ?
Faut-il traiter les robots comme des choses, en les contrôlant et en les taxant pour guider leur croissance et, plus encore, prélever davantage sur ce qu’ils apportent ? Mais alors, ils risquent d’aller plus vite encore que nous, pauvres humains moins rapides, moins agiles, moins formés ! Ou bien ils risquent de faire moins de progrès ici, avec moins de mises à jour de leurs programmes, et d’être plus efficaces ailleurs, où ils seront moins taxés ! Pire, le robot actuel, plus soft que hard, fait naître des monopoles mondiaux. Ses profits ne « ruissellent » pas vers le bas, profitant à la communauté, mais remontent vers le haut. Ainsi, Apple ou Facebook aux Etats-Unis, Tencent ou Xiaomi en Chine ont toujours plus de moyens pour acheter des startups innovantes et, ainsi, continuer à garder leur avance. Bill Gates propose de taxer les robots pour alimenter des fonds de soutien au développement et Benoît Hamon pour qu’ils contribuent au financement des retraites, mais ce n’est pas ce qui se passe !
Faut-il traiter les robots comme des chats ? Entendons-nous : ceci veut-dire s’assurer pour les dommages qu’ils peuvent provoquer, tout en sachant que leur maître (propriétaire) demeure responsable des risques qu’il fait courir aux autres, notamment s’il ne prend pas les précautions qu’il faut. Donc, il ne doit surtout pas les « mal-traiter ». Entendons-nous là encore : ce seraient par exemple la voiture autonome ou le drone qui ne seraient pas bien entretenus. Aujourd’hui, nous savons traiter un robot comme un chat qui ne créera pas de catastrophe et ne sera pas livré à lui-même, tout comme l’immense majorité de nos animaux domestiques, parce que nous les aimons. Mais demain ?
Faut-il traiter les robots comme des « personnes morales », autrement dit des sociétés, quand ils seront quasi indépendants ? C’est la proposition faite par Mady Delvaux au Parlement européen le 31 mai 2016. Son idée est d’abord que les robots vont de plus en plus mener des activités humaines. Ceci est une « hypothèse… préoccupante pour l’avenir de l’emploi et la viabilité des régimes de sécurité sociale (et qui) pourrait déboucher sur un creusement des inégalités dans la répartition des richesses et de l’influence ». Surtout, ils vont s’autonomiser. Ceci pourrait conduire à de nouveaux risques en cas de panne, de défaillance de guidage ou de piratage. Le risque est alors que le robot échappe à son maître, comme dans le Frankenstein de Mary Shelley. Qui en devient responsable ? C’est pourquoi l’auteure du rapport propose de les identifier chacun, de leur donner la personnalité morale, de les assurer pour les dommages qu’ils peuvent créer et d’assurer aussi tous ceux (fabricants, concepteurs, informaticiens…) qui leur ont « donné le jour ».
Faut-il traiter les robots comme des enfants ? Oui, comme des enfants qui vont s’humaniser et s’occuper de nos vieux jours !
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