Pourquoi est-ce le moment d’investir au Mexique ?

Article co-écrit avec Thierry de Gennes, Associé Internal Services, Brésil et Guillermo Olguin, Financial Advisory leader, Mexique.

Alors que l’on croyait que l’incertitude gagnerait le marché mexicain après l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, le pays a su déjouer tous les pronostics en résistant à la pression exercée sur sa monnaie, et en atteignant son plus fort taux de croissance en termes d’exportations depuis trois ans[1]. En effet, le peso mexicain qui avait connu une dépréciation de plus de 10%[2] après le résultat des élections américaines, est revenu à son niveau d’avant élection de Trump, récupérant ainsi la confiance des investisseurs. De plus, dans un contexte de renégociation de l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA), le Mexique cherche désormais à diversifier son commerce extérieur en négociant ou renégociant des accords de libre-échange avec la Chine[3], l’Union Européenne[4] ou le Mercosur[5]. Ces divers éléments entraînent une conjoncture favorable pour les entreprises françaises intéressées par de nouveaux investissements au Mexique.

Au niveau macroéconomique, le Mexique est un pays orienté vers la croissance

Selon les projections de l’OCDE, le Mexique sera la septième puissance économique mondiale en 2050 en termes de PIB. Depuis 2012 le pays s’est toujours situé dans les quinze premières nations réceptrices d’Investissements Directs Etrangers (IDE), attirés en grande partie par sa stabilité politique, sa position géographique et son faible coût de main d’œuvre. Le pays possède une banque centrale autonome et ses finances publiques sont saines, ce qui lui a valu une récente amélioration de la note de Standard&Poors sur ses perspectives de dette, la note passant de négative à stable[6]. De plus, le Mexique représente un marché très important, avec une population de 127,5 millions d’habitants, dont 48,6% de jeunes de moins de 25 ans[7]. La classe moyenne, qui représente déjà 35% des foyers mexicains est par ailleurs en augmentation constante[8]. La croissance de l’économie mexicaine pourrait s’accélérer dans les prochaines années, stimulée par la pénétration du crédit bancaire, l’accès à internet de la classe moyenne et par le dynamisme des PME qui représentent de véritables moteurs pour l’économie.

Le Mexique est attractif du fait du dynamisme de son économie, mais il représente également une porte d’entrée stratégique vers les pays d’Amérique du sud, facilitée par les Traités de Libre-Echange et les Conventions fiscales évitant les doubles impositions mis en place avec de nombreux pays.

Par ailleurs, le Mexique jouit d’un régime fiscal réputé stable qui n’a pas connu de changements significatifs depuis une décennie, d’un cadre juridique qui offre des garanties contre d’éventuels changements dans la loi, et d’un taux d’impôt sur les sociétés compétitif. Parmi les différents avantages fiscaux qu’offre le pays, on trouve notamment l’exemption de l’Impôt sur la Valeur Ajoutée pour les importations de machines à assembler sur le territoire mexicain, ou encore la déduction accélérée des amortissements des générateurs électriques[9], très prisée par les entreprises de matériels de construction et du secteur électrique.

La France : un partenaire commercial privilégié du Mexique

L’entrée d’investissements français dans le pays s’est accélérée : les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) français cumulés des 3 dernières années représentent 52% du total des IDE reçus de 1999 à 2016. Selon les données de l’agence gouvernementale mexicaine ProMéxico, les principaux secteurs d’attrait pour les capitaux étrangers sont l’Aéronautique, l’Automobile, le Tourisme, le Secteur du Luxe et de la Cosmétique, les Biotechnologies et l’Agroalimentaire.

De nombreuses grandes entreprises françaises au Mexique sont très présentes dans ces secteurs comme le montre par exemple la présence d’Airbus, de Renault-Nissan, de Faurecia, de Valeo, de Accor, de LVMH, de Sanofi, de Pernod Ricard, de Danone, de Air Liquide et de ENGIE. Pour certaines d’entre elles, la contribution de leurs filiales mexicaines aux revenus consolidés du Groupe peut être importante. En outre, une série de grandes réformes adoptée en 2013 au Mexique a ouvert aux investisseurs étrangers les Secteurs de l’Energie et des Télécommunications, ce qui a permis d’accélérer leur croissance. En conséquence « beaucoup d’entreprises françaises du secteur de l’Energie étudient la possibilité d’investir au Mexique » comme le souligne le Président de la Chambre de Commerce et d´Industrie Franco-Mexicaine basée à Mexico, Olivier Rodney.

Ce regain d’intérêt pour le Mexique s’est concrétisé récemment encore par le biais d’investissements ou d’acquisitions par des entreprises tricolores, comme l’illustrent notamment le récent achat de DelMaguey par Pernord Ricard, l’acquisition de OutFront Media par JCDecaux, ou l’investissement record de 565 millions d’euros réalisé par Veolia en 2017 pour la construction de la plus grande usine de recyclage de déchets au monde. Michelin a lancé la construction d’une nouvelle usine de production de pneus, dont l’inauguration est prévue fin 2018. Décathlon, quant à lui, s’est installé à Mexico avec 5 magasins depuis 2016 et prévoit l’ouverture de 7 points de ventes supplémentaires en 2018.

Même s’il faut rester vigilant dans les prochains mois sur le résultat des renégociations de l’ALENA et les conséquences des élections présidentielles mexicaines de 2018, la conjoncture économique actuelle et les projections optimistes envisagées font du Mexique une opportunité intéressante pour les entreprises françaises souhaitant se développer à l’international et diversifier leurs marchés.

Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter.

[1] INEGI (Institut de statistiques mexicain)
[2] Bloomberg
[6] Bloomberg
[7] INEGI
[8] Euromonitor avec les données de l´INEGI
[9] Servicio de Administración Tributaria (Trésor Public mexicain)

Charles met ses 25 ans d’expérience en Conseil M&A au service de ses clients : ETI/PME, Fonds d’Investissement et Grandes Entreprises internationales. Dédié au marché des opérations de taille moyenne, il intervient en conseil à la cession, à l’acquisition et à la levée de fonds, en apportant une valeur ajoutée particulière aux opérations transfrontalières. Une transaction étant tout d’abord une affaire humaine, Charles privilégie avant tout la qualité de la relation dans son approche business.

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