Stable coins : le début d’une nouvelle ère pour les crypto-monnaies
Publié le 10 juillet 2018
Depuis les accords de Bretton Woods en 1944, le dollar américain constitue LA monnaie de référence dans le système monétaire mondial. Bien que ce système fonctionne relativement bien pour le moment, il souffre de défaillances, et certains lui prédisent un avenir funeste. Et si la blockchain permettait d’améliorer ce système, voire de le remplacer ?
Le stable coin : le Graal de la Blockchain ?
Une monnaie doit posséder trois caractéristiques : elle doit être un médium d’échange, une unité de compte, et un refuge de valeur. Si les crypto-monnaies actuelles possèdent les deux premières qualités, elles ne sont pas de bons refuges de valeur, à cause de leur volatilité.
Or les utilisateurs et les entreprises ne veulent pas être exposés à de tels risques de change. On ne peut pas payer quelqu’un en bitcoin car son salaire fluctuerait avec le marché. De même, cette volatilité limite l’adoption des crypto-monnaies par les institutions financières.
Les prêts basés sur la blockchain, les produits dérivés, les marchés de prédiction, et autres smart contract à long terme exigent une certaine stabilité par rapport à l’économie réelle. En pratique, il s’agit de créer un jeton, dit stable coin, dont le prix est stable vis-à-vis d’une monnaie de référence telle que le dollar américain.
Prenons un exemple : celui de l’assurance paramétrique Fizzy d’AXA. Le smart contract déployé dans la blockchain détecte le sinistre et ordonne le dédommagement, tout en permettant à l’assuré comme à l’assureur de vérifier le bon déroulement du processus. Pourtant en définitive, le paiement reste traité par AXA et exécuté via le système financier « classique ». Loin de minimiser le travail d’AXA, dont nous saluons la démarche d’innovation, on constate que l’absence d’un stable coin empêche de « blockchainiser » le processus en intégralité.
Un stable coin, soit un token qui possède les trois caractéristiques d’une monnaie, représenterait le Graal de l’écosystème blockchain. Mais comment concevoir un stable coin ? Avant de répondre à cette question, il convient de bien comprendre ce que cela signifie pour un actif d’avoir un prix stable.
Le prix de la stabilité
Une fois son émission terminée, le prix d’un token est déterminé par l’offre et la demande, et correspond donc au montant que les acheteurs sont prêt à payer pour l’acquérir. Ainsi, on ne peut pas a priori fixer le prix d’un token. Il faut pour cela mettre en place des mécanismes de stabilité sur les marchés[1].
Si l’histoire nous a montré qu’il est impossible de maintenir une monnaie de manière inconditionnelle[2], cela peut être fait dans certaines conditions de marché. La difficulté est alors de déterminer ces conditions, et les limites au-delà desquelles le stable coin risque de dériver.
Ainsi, un stable coin idéal devrait résister à une grande volatilité du marché, ne pas être trop coûteux à maintenir, avoir des paramètres de stabilité faciles à analyser, et être transparent. En effet, si les acteurs du marché ne peuvent déterminer facilement et indubitablement la santé du stable coin, il devient facile de répandre de fausses nouvelles, et de créer un cercle vicieux.
Les différents types de stable coins
Il existe actuellement une multitude de modèles de stable coins, preuve de l’engouement qu’ils suscitent. Ils sont plus ou moins bien pensés, et correspondent à différents types d’application.
On peut les catégoriser suivant leur type de collatéral comme suit :
Sans détailler plus avant le fonctionnement de ces modèles[3], précisons leurs avantages et inconvénients :
Comme souvent, les différents modèles présentent chacun des avantages et inconvénients. Nous encourageons donc une approche pragmatique et expérimentale, afin d’aboutir au compromis le plus acceptable pour une application et un profil de risque donnés.