Pour avoir une bonne croissance, et qui se renforce, la recette est simple : il faut plus d’investissement des entreprises et un commerce extérieur positif. Alors, en continuant, vous avez toujours plus de croissance, d’emploi et de consommation. Un système vertueux se met en place.

Mais ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé au trimestre passé. D’abord, les 0,2% de croissance obtenus sont faibles. Ils suivent un beau début d’année à +0,6%, puis une baisse au deuxième trimestre à -0,1%, que l’on peut en large part attribuer aux attentats. Le troisième trimestre continue sur cette triste lancée : l’investissement des entreprises baisse de 0,3%, comme au trimestre précédent et la consommation stagne, là encore comme au trimestre précédent. Ce qui soutient la demande, c’est l’immobilier. Il croît de 0,8% au troisième trimestre, après 0,4%. Merci donc aux taux d’intérêt super bas des banques ! Mais nous avons ainsi, avec ces calculs, obtenu seulement +0,1% de croissance du PIB ! Il nous en manque autant, pour comprendre les 0,2% calculés par l’Insee. Nous avons la moitié de l’explication, après avoir mobilisé la consommation et l’investissement !

De fait, les 0,1% qui nous manquent nous livrent une autre histoire, plus inquiétante. En effet, les entreprises ont beaucoup stocké, pour l’équivalent de 0,6% du PIB. Même si on fait la part de la fragilité de ce calcul, il a toute chance d’annoncer un déstockage proche, au détriment de la croissance (comme ce fut le cas au deuxième trimestre). Pour compléter l’analyse, il nous faut regarder le commerce extérieur. Les exportations ont augmenté de 0,6% (contre 0,2%) et les importations de 2,2% (contre -1,7%). Le déficit s’est donc creusé, conduisant sur ce seul trimestre à une perte de croissance de 0,5% du PIB, contre 0,3% au trimestre précédent.

Notre arithmétique est donc complète. Cette croissance jugée par certains « timide », à 0,2%, vient pour 0,1% du logement et pour une autre part, 0,1%, d’un sur-stockage qui masque une dégradation supplémentaire du commerce extérieur. On peut se dire que ceci n’augure rien de très bon pour la suite. L’« acquis de croissance » s’établit à 1,1% pour 2016, en supposant donc une croissance à 0% pour le quatrième trimestre. Les 1,5% annoncés par les autorités pour 2016 semblent bien compromis.

Cette consommation stagnante vient d’un revenu qui décélère : +0,1 % au deuxième trimestre contre +0,6% en début d’année et d’un taux de marge des entreprises qui recule à 31,8% contre 32%. Certes, toutes ces données statistiques sont encore fragiles, mais on n’a jamais bâti une croissance forte sur des stocks qui montent, avec des entreprises qui reculent sur le commerce extérieur et en rentabilité. Pas surprenant donc que le moral des ménages se stabilise au-dessous de sa moyenne de long terme, comme celui des entrepreneurs. Pour la suite, beaucoup dépendra donc des stocks. Quelle stabilité !

 

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