Diversité de missions, intégration des nouvelles technologies, évolution de carrière : Guillaume Radigue, associé Deloitte et Valérie Coudray, directeur audit, livrent leur regard sur le métier d’auditeur et de commissaire aux comptes et l’attrait de ceux-ci pour les jeunes générations.

A quels moments de la vie de l’entreprise l’auditeur intervient-il ?

Valérie Coudray : L’audit est une mission de long terme. Nous intervenons bien sûr lors des moments forts, comme le bilan annuel, l’assemblée générale ou lors des opérations capitalistiques telles que les cessions ou acquisitions, mais nous sommes présents tout au long de l’année. Nous devons identifier les faits marquants et anticiper tout enjeu qui pourrait avoir un impact sur les finances de l’entreprise. Notre rôle est de comprendre l’entreprise dans toutes ses dimensions : la solidité de son contrôle interne bien sûr, mais aussi son marché, ses produits et ses spécificités.

Les échanges, la communication régulière et proactive avec le client sont des éléments clés de l’exercice de ce métier. Cette communication permet de créer cette relation de confiance et de transparence, indispensable pour mener à bien notre mission.

Quels aspects du métier d’auditeur peuvent donner envie aux jeunes diplômés de se lancer dans cette carrière ?

Guillaume Radigue : Le métier d’auditeur se situe véritablement au cœur de l’économie. L’auditeur est bien plus que le garant de l’exactitude des comptes : sans lui, la confiance serait tout simplement absente des marchés. Les actionnaires, par exemple, s’appuient sur les informations certifiées par les équipes d’audit pour motiver leurs décisions d’investissement, et donc apporter aux entreprises les capitaux nécessaires à leur développement.

 

Peu de professions permettent d’acquérir un bagage aussi complet en matière de savoir-faire et de savoir-être.

 

Ce métier offre une diversité sans égale : l’exercice des activités du commissaire aux comptes est souvent associé aux entreprises d’intérêt public mais en réalité, son champ d’action est beaucoup plus large. Nous avons l’opportunité de travailler sur des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités. L’auditeur développe une vision macro-économique en s’appuyant sur son expertise micro-économique.

Valérie Coudray : J’ajouterais que ce métier est un formidable accélérateur de carrière. Il peut constituer un tremplin vers des postes de direction. Faire ses armes en tant qu’auditeur permet d’appréhender de façon pratique chaque facette du métier de chef d’entreprise. Les professionnels y développent un esprit analytique et stratégique indispensables pour diriger une entreprise, et acquièrent des compétences managériales solides où la part des relations humaines est prépondérante. Les jeunes auditeurs sont amenés à manager des équipes de plusieurs personnes après deux à trois ans seulement. Peu de professions permettent d’acquérir un bagage aussi complet en matière de savoir-faire et de savoir-être.

L’audit dans une firme comme Deloitte offre par ailleurs une formidable ouverture, grâce à la mobilité à l’international, fortement encouragée, mais aussi grâce aux opportunités d’évolution vers d’autres métiers connexes. C’est une véritable fenêtre sur le monde.

Le métier d’auditeur séduit-il autant les jeunes diplômés qu’auparavant ?

Guillaume Radigue : C’est justement l’un des enjeux de la transformation du métier d’auditeur pour les firmes d’audit telle que la nôtre. Notre premier objectif est d’offrir de la valeur ajoutée à nos clients, en renforçant la sécurité des entreprises à travers une amélioration continuelle de ses états financiers. Nous cherchons constamment à approfondir cette valeur ajoutée. Cet état d’esprit nous pousse à faire évoluer nos métiers. Cela contribue à renforcer leur attrait pour les jeunes diplômés. Les nouvelles problématiques dans lesquelles nous nous inscrivons, comme l’apport de la digitalisation, l’intégration de l’intelligence artificielle ou les recherches autour de la blockchain, sont des sujets auxquels les talents de demain s’intéressent de très près.

Comment ces nouvelles technologies s’intègrent-elles dans le travail de l’auditeur ?

Valérie Coudray : Dans un environnement numérique en évolution constante, nous nous donnons les moyens de rester en phase avec les évolutions technologiques de nos clients. Le recours aux outils analytics nous permet d’être à la pointe des méthodologies pratiques, et donc de nous placer dans une position de précurseurs, et non de suiveurs, par rapport à nos clients. Le commissaire aux comptes se doit en effet d’assumer un rôle d’éclaireur, également sur les sujets technologiques.

Dans le cadre de notre travail, au quotidien, la valeur ajoutée offerte par l’usage de l’analytics est considérable. Là où la méthode usuelle consiste à vérifier des données sélectionnées de façon aléatoire (méthode par échantillonnage), l’analytics permet de traiter les datas de façon exhaustive. L’auditeur peut alors concentrer ses recherches sur des typologies d’anomalies particulières sur la base des données fournies par son client.

Cette nouvelle façon de travailler est plus attractive pour les jeunes diplômés : pour caricaturer, il leur est plus intéressant de procéder à l’analyse des croisements de fichiers pour identifier des anomalies que de pointer des factures et des bons de livraison.

Bien entendu, l’exhaustivité autorisée par l’analytics ne se substitue pas à la capacité de réflexion de l’auditeur. Il ne s’agit pas d’une solution à tous les problèmes, mais d’un puissant outil complémentaire. Elle pourrait en revanche, dans les années à venir, permettre aux auditeurs d’intégrer à leurs analyses certaines données prévisionnelles, comme les carnets de commande. Cela nous ferait passer du cadre d’un audit « post-mortem », tel qu’il est pratiqué actuellement, à une dimension prospective.

 

Sans certification, le système économique tel que nous le connaissons ne serait pas viable.

 

Quelles sont les qualités nécessaires pour mener à bien cette mission ?

Guillaume Radigue : Au-delà de l’intégrité, qui constitue l’un des piliers du métier d’auditeur, nous avons besoin avant tout de professionnels capables de tisser des relations de confiance, et donc de s’intégrer facilement dans les équipes de nos clients. La construction d’une relation de confiance entre l’auditeur et l’audité est essentielle pour renforcer la qualité de l’audit. Cette confiance se travaille, s’entretient et se démontre.

Valérie Coudray : La curiosité est un trait caractéristique de ceux qui exercent ce métier. Nous sommes à la recherche de candidats capables de s’intéresser réellement à l’activité et au secteur de nos clients pour en comprendre les subtilités. Le scepticisme est également une vertu cardinale du métier : l’auditeur doit être capable d’exercer son jugement professionnel pour challenger et vérifier les informations fournies par son client.

Les compétences de l’auditeur font l’objet de mises à jour régulières et obligatoires. Nous ne cessons jamais d’apprendre. Cette formation continue séduit beaucoup les jeunes diplômés. Elle est dispensée dès la première année, puis s’étend tout au long de leur carrière.

En quoi le métier d’auditeur recouvre-t-il une notion d’intérêt public ?

Guillaume Radigue : Ce métier permet, à travers la certification des comptes, de générer de la confiance entre l’entreprise et ses parties prenantes : clients, salariés, actionnaires… Dès lors que l’information financière est certifiée par un auditeur, chacun peut s’appuyer sur les éléments publiés en toute confiance. C’est la qualité de l’information qui détermine l’efficience des marchés financiers. La fiabilité de ces informations améliore le fonctionnement de l’économie, puisqu’elle permet, par exemple, aux cours de bourse de refléter la réalité et les fondamentaux de l’entreprise. Sans certification, le système économique tel que nous le connaissons ne serait pas viable.

Quelle est la différence entre le commissaire aux comptes et l’auditeur ?

Guillaume Radigue : Devenir commissaire aux comptes représente un véritable engagement supplémentaire. Le commissaire aux comptes prête serment devant le garde des Sceaux et porte une grande responsabilité car il s’engage à titre personnel sur la qualité des comptes qu’il certifie. Il est soumis à des normes professionnelles strictes et réglementées. Il relève d’un organisme spécifique, le Haut conseil du commissariat aux comptes (H3C) qui contrôle régulièrement les connaissances du commissaire aux comptes et veille au respect de son indépendance et de la déontologie.

En quoi la pluridisciplinarité est-elle un atout pour une firme d’audit ?

Guillaume Radigue : La pluridisciplinarité apporte à la firme une expertise sectorielle complète et renforce l’auditeur dans ses approches. Quels que soient la question ou le problème rencontrés, nous pouvons potentiellement y répondre grâce à nos experts internationaux.

Valérie Coudray : Les entreprises ne connaissent plus de frontières : elles se doivent aujourd’hui d’opérer partout dans le monde. Cette internationalisation s’accompagne de problématiques toujours plus complexes. Les firmes pluridisciplinaires telles que Deloitte sont capables d’apporter des réponses complètes à ces besoins nouveaux grâce à l’expertise de nos collaborateurs. Nous nous appuyons sur un réseau international, mais aussi sur un panel complet de savoir-faire.