Article co-écrit avec Ossama Benbouidda, consultant Financial Services Industry.

Voilà des années que l’on parle de l’open data, que l’on vante ses mérites, que l’on s’accorde sur sa nécessité et… que les données ne s’ouvrent pas, ou très peu.

Pourtant, les arguments en faveur de l’open data ne manquent pas. Du côté de la sphère privée, l’ouverture des données de l’entreprise représente une formidable opportunité pour accélérer le développement de produits et services innovants, mais également pour créer des écosystèmes de partenaire. Et l’exemple le plus pertinent reste les applications qui se développent autour des « néo-banques » et la loi DSP2 : agrégateurs de comptes bancaires, coach financier etc. Autre bénéfice : l’amélioration de la relation client, avec l’émergence d’un rapport plus sain, basé sur l’échange et la transparence de l’information. Du côté de la sphère publique, la mise à disposition de données publiques sur un site internet peut être une source de trafic et donc de notoriété pour la collectivité ou l’organisation concernée.

Alors que faire pour booster l’ouverture des données et en récolter enfin les fruits ?

La réponse – ou du moins l’une des réponses – nous est soufflée par l’Union Européenne, dans un texte au titre évocateur : « Open Data and Blockchain : a match made in heaven ? ». D’après ce texte, et comme le montre le cas de la ville de Vienne, le salut de l’open data viendrait de la blockchain…

Une hypothèse plus que convaincante ! La blockchain, grâce aux couches cryptographiques de sécurité existantes et à la construction en blocs pour la validation des données, apporte en effet une réponse à l’un des freins majeurs rencontrés par l’open data : la sécurité. Beaucoup d’entreprises, en effet, hésitent encore à partager leurs données car elles craignent que ces informations ne tombent entre les mains de potentiels concurrents, ou que ces informations soient utilisées à mauvais escient. La blockchain, en levant ces inquiétudes, permettra logiquement l’essor de l’open data. Elémentaire !

Mais si elle permet de grandes avancées, la blockchain ne règle pas tout. En particulier, elle n’apporte pas de réponse à la confidentialité des données : s’il est ainsi possible aux entreprises de partager leurs informations sur un seul et même registre, c’est au prix de la confidentialité de l’information (puisque pour rappel, dans un réseau blockchain, les données sont distribuées, et donc tous les nœuds peuvent y accéder). Alors comment des entreprises qui opèrent en réseau distribué peuvent-elles partager des informations sans dévoiler des données confidentielles ? C’est une question que se posent déjà les assureurs, qui doivent partager entre eux des données confidentielles sur leurs clients depuis l’entrée en vigueur de la flat tax le 1er janvier 2018.

Pour résoudre ce problème, nous avons cherché avec la start-up QED-IT une solution pour rendre possible le partage de données de contrats d’assurance vie, sans qu’aucun assureur n’ait accès directement aux données. En combinant la cryptographie Zero-Knowledge Proof  et l’Enterprise Blockchain, QED-it a déployé un système de Zero-Knowledge taxation (nommé “zTax”) sur Ethereum. Cette solution permet ainsi à un assureur A de calculer l’éligibilité de son client ayant contracté d’autres contrats d’assurance vie avec les assureurs B et C, sans que B et C n’aient à dévoiler à A leurs données client, qui restent confidentielles. Seules sont échangées des preuves de données.

Cette première coopération permet aux entreprises de l’assurance et d’autres secteurs de collaborer davantage en partageant entre elles des preuves de données privées. Et du même coup, de rentrer dans l’ère de l’open data !