Olivier Millet, président de l’AFIC (Association française des investisseurs pour la croissance), présente sa vision de l’actionnariat et des échanges entre les investisseurs et le management.

Retrouvez aussi la première partie de notre entretien avec Olivier Millet sur le thème du capital-investissement.

Quels moyens les firmes de private equity apportent-elles à l’entreprise ?

La promesse de valeur du capital-investisseur tient en trois points.

Il apporte d’abord du temps, en accompagnant sur six à dix ans le projet des dirigeants. Cet horizon permet au management de se projeter, offre à l’entreprise l’opportunité de se développer, de se transformer et de s’adapter.

Il apporte par ailleurs des capitaux. La France est le premier pays d’Europe par le nombre de sociétés ayant ouvert leur capital à des fonds de private equity.

Enfin, il apporte un savoir-faire. Le métier du capital-investisseur consiste principalement à accompagner la transformation des entreprises à fort potentiel à chaque étape de leur vie. On pense souvent à tort que le private equity est un métier transactionnel ; il est en réalité avant tout relationnel, analytique, décisionnel, et surtout transformationnel.

Combien d’entreprises différentes une équipe de capital-investissement suit-elle en moyenne ?

Nos équipes sont semi-artisanales et comptent rarement plus de 20 personnes. Les chiffres varient évidemment d’une firme à l’autre, mais la grande majorité des équipes suit un nombre très réduit d’entreprises : une dizaine au maximum afin de pouvoir s’y investir autant qu’il le faut.

Quelle est la fréquence des relations entre le capital-investisseur et les entreprises qu’il suit ?

Le conseil d’administration se réunit généralement chaque trimestre et le comité de gestion se tient chaque mois, mais les échanges entre le capital-investisseur et le management sont souvent beaucoup plus fréquents. La transformation de l’entreprise et les choix stratégiques nécessitent couramment des échanges quotidiens. Lorsque l’entreprise procède à une acquisition importante à l’étranger par exemple, il est nécessaire d’être en contact de façon extrêmement régulière pour traiter des négociations, des audits préalables, ou encore de l’environnement réglementaire. 

Comment l’actionnaire parvient-il à conseiller le management sur des questions stratégiques dans le cadre de marchés souvent très complexes ?

Quel que soit le secteur et au-delà des spécifications métiers, il existe des fondamentaux dans la gestion et la structuration d’entreprise. Outre ces fondamentaux, chaque équipe de gestion acquiert une expérience dans un secteur ou une typologie d’entreprise donnés. Notre rôle d’actionnaires nous permet d’apporter de la méthode, mais aussi de la stimulation et l’encouragement dans des projets audacieux, facteurs de croissance.

Le capital-investisseur n’a pas vocation à se substituer au champion, en l’occurrence le chef d’entreprise, il doit l’accompagner et le coacher. Sa force se situe tout autant dans sa capacité relationnelle que dans son aptitude à analyser l’évolution des fondamentaux de l’entreprise.

 

La première responsabilité du capital-investisseur est fiduciaire

 

Quelle place prend le fond de private equity dans la gouvernance de l’entreprise ?

Le fond ne définit pas seul la stratégie de l’entreprise. Celle-ci est le fruit d’un échange avec la direction.

Tout se règle dans la rationalité. Le métier d’actionnaire qu’il soit minoritaire ou majoritaire, nécessite de respecter la vitesse de développement des entreprises tout en soutenant sa progression.

La première responsabilité du capital-investisseur est fiduciaire : il doit protéger, gérer et faire fructifier des capitaux qu’il a levés, en amont, auprès des gestionnaires de l’épargne. Cette mission passe par la croissance des entreprises dans lesquelles il investit. Pour y parvenir, les intérêts du capital-investisseur et ceux du management doivent être alignés. Ces relations encouragent une maturité relationnelle sur des sujets complexes de part et d’autre.

Comment l’investisseur peut-il gérer au mieux la relation avec le management ?

Je crois à une collaboration fructueuse entre un actionnaire fort et un manager fort. Toute autre combinaison amène à l’échec. Chacun doit savoir quelle est sa place pour remplir un objectif commun qui est de faire croître, de rendre plus forte et plus durable l’entreprise.