Donald Trump n’aime pas beaucoup les unions douanières, moins encore les unions monétaires, surtout si elles concurrencent la Grande Amérique. Il le prouve tous les jours. Par le PIB, l’Europe tutoie en effet les Etats-Unis, 15600 milliards de dollars contre 16700. Après le départ du Royaume-Uni, ce seront 3055 milliards de dollars de moins. Mais quand même, 12545 milliards, c’est beaucoup, à peine plus que la Chine : 12250 milliards (paraît-il). Donc, pour affaiblir l’Europe, il faut s’occuper de la zone euro, notamment de ses banques, son point faible.

Pour la France, c’est fait : ses banques se remettent, mais seront prudentes avec les Etats-Unis. Pour l’Allemagne c’est en cours, avec une « cotisation » de 7 milliards de dollars pour la Deutsche Bank, la seule banque allemande qui était vraiment présente aux Etats-Unis, et ce n’est pas fini avec elle. Pour l’Italie, c’est en cours aussi, mais ils font tout par eux-mêmes. Encore plus de capital pour la première banque du pays, qui vend en même temps ses bijoux de famille, encore plus de capital, public cette fois, pour renflouer la troisième. Mais en faisant attention avec cette dernière : les actionnaires ont tout perdu, mais ils devaient le savoir quand ils achetaient les actions ! Les détenteurs d’obligations de la banque peuvent aussi tout perdre, mais ils n’étaient pas censés le savoir. Au contraire, « on » leur a vendu une obligation sans risque, mais très rentable quand même ! Le risque est alors, s’ils se disent spoliés, d’un vote populiste, sachant que d’autres banques sont en difficulté, avec à la clef une pression pour sortir de l’euro. Au total, contre l’Europe, c’est fait !

Conspirations : rêve ou cauchemar ? Les taux à 10 ans allemands, qui étaient à zéro voire négatifs il y a six mois, sont repassés à 0,42% (toujours au-dessous de l’inflation). Les taux à 10 ans pour l’Italie sont à 2,23% (contre une inflation  à 0,1) : la dette monte encore et devient de plus en plus insoutenable. Quant à la France, elle a désormais une dette à 1,05%, au-dessus de l’hypothèse du budget (0,9%), de l’inflation (0,6% pour l’Insee, 0,7% pour la BCE) et à 63 point de base au-dessus du bund allemand. A surveiller de près.

Les théories conspirationnistes sont à la mode, quelques puissants dirigeant secrètement le monde. Mais ce monde se concentre de fait, si l’on prend les cinq ou six plus grands pays par PIB, qui ne sont pas les mêmes par le PIB par tête ! Il se concentre aussi, par la richesse de ses milliardaires. En face, les stratégies européennes de croissance, démocratie et paix, semblent s’éloigner. Elles regroupent des acteurs plus petits, plus faibles, plus compliqués à coordonner, et qui ne voient pas le danger. La conspiration ne fonctionne que si l’on est quelques-uns, loin des réseaux publics. Mais elle est plus facile que jamais, une fois d’accord (à quelques-uns), grâce à la caisse de résonance qu’offrent ces mêmes réseaux sociaux ! Et de fait, tout marche : les fameuses conspirations ne sont, en réalité, que la recherche du point le plus faible, pour appuyer dessus, avec l’aide de geeks qui trouvent tout cela fun. Et, avec l’Europe, les points faibles ne manqueront pas : élections en France, Pays-Bas, Italie, en attendant le référendum catalan ! Face au danger d’éclatement de la zone euro, croissant et dont la source est interne, c’est de l’intérieur qu’il faut réagir, en se renforçant. Le seul avantage des conspirations, c’est qu’elles montrent les points faibles ! Pour les renforcer.

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