Management, relation avec les clients, responsabilité… Le président du pôle Environnement de Derichebourg, opérateur de services aux entreprises et collectivités, livre sa vision de la confiance en interne et en externe.

Quel est le modèle de gestion de Derichebourg ? 

Derichebourg a été créé par mon grand-père et par mon père. Aujourd’hui, c’est un groupe présent dans 15 pays, qui compte 33 000 salariés et génère 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Nous sommes une entreprise de dimension internationale dont les activités s’exportent très bien (30% de notre activité provient de l’étranger). Mais si la petite société est devenue une multinationale, elle reste avant tout une entreprise familiale. Derichebourg est toujours gérée comme une PME, autour de certaines valeurs fondatrices. Au-delà de l’expertise, le sens du service, le développement durable, l’ambition internationale, Derichebourg, c’est avant tout, le respect des hommes, l’authenticité, le savoir-faire et l’humilité.

Les entreprises familiales ont la réputation d’être plus pérennes que les autres. Comment expliquez-vous cette différence ?

La dimension de propriété est importante. Lorsque la famille détient l’entreprise, elle est naturellement impliquée, elle a l’ambition de la préserver et de la faire durer dans le temps. De ce sentiment d’appartenance découle un niveau d’engagement et d’implication sans égal. A titre personnel, mon attachement au groupe est immense. J’ai assisté, avec mon frère Boris, à la construction du groupe depuis mon enfance. Je l’ai vu se développer pendant 40 ans, et j’ai constaté l’investissement considérable de ceux qui l’ont bâti, comme mon grand-père GUY et surtout mon père, Daniel Derichebourg.

S’ajoute à cet aspect de propriété, la question de la responsabilité. Cette notion est particulièrement importante dans un groupe de 33 000 personnes, qui chacune représente un foyer. Nous avons à cœur de pérenniser un par un ces emplois. La vraie valeur et la force d’un groupe familial résident avant toute chose dans l’adhésion des collaborateurs.

Comment susciter leur confiance ?

La confiance des salariés se construit lorsqu’on leur donne le sentiment d’être respectés, valorisés, écoutés. Chacun a ainsi pour ambition de montrer à sa hiérarchie ce dont il est capable et d’accéder à de nouvelles responsabilités. Le management doit jouer un rôle de locomotive, qui entraîne les collaborateurs et inspire la confiance. Il doit fédérer les salariés autour de valeurs et autour de projets adaptés en fonction de leurs compétences. Cela permet d’obtenir une forme d’alchimie et de dépasser les éventuelles rivalités. Le travail en équipe est essentiel à la réussite de l’entreprise.

Comment peut-on maintenir cet aspect collaboratif au sein d’un groupe de 33 000 personnes ? 

C’est le fruit d’un véritable travail de fond au quotidien, qui passe notamment par le management par l’exemple et par la responsabilisation des collaborateurs. Nos managers sont au plus près du terrain. A tous les niveaux, ils doivent être à l’écoute de leurs salariés et demeurer simples et accessibles. Nos relations sociales sont caractérisées par une bienveillance au quotidien qui permet notamment de maintenir la paix sociale.

Le fort attachement des salariés à l’entreprise s’explique aussi par les possibilités d’évolution : on peut commencer en bas de l’échelle et monter très vite les échelons chez Derichebourg, ce qui limite le turn-over.

Le dernier point important concerne la culture d’entreprise. En évoluant au sein d’un groupe, les collaborateurs s’imprègnent de cette manière commune d’aborder les problèmes et de mettre en œuvre des solutions. Ils s’approprient ces valeurs partagées et les véhiculent à l’extérieur. C’est la raison pour laquelle tant de personnes ont pour ambition de travailler au sein d’entreprises telles qu’Apple ou Tesla. La culture d’entreprise et le charisme des dirigeants y sont pour beaucoup.

Cette relation repose-t-elle aussi sur la transparence ?

La confiance en interne est indissociable de la transparence. Celle-ci doit s’incarner dans tous les sujets à travers la sincérité, la communication et la collaboration. Un bon dirigeant doit faire preuve de sincérité vis-à-vis de ses collaborateurs, et communiquer à l’intérieur du groupe, même s’il existe bien entendu des limites à cette transparence : on ne peut pas tout dévoiler. Lorsque la direction d’une entreprise communique sur ses activités tels une nouvelle acquisition ou le développement à l’international du groupe, le sentiment de fierté des salariés est renforcé. Ils s’approprient, ainsi, les projets de l’entreprise.

 

Un bon dirigeant doit accepter de lâcher prise et d’accorder sa confiance à autrui.

 

La puissance de la transparence est liée à la crédibilité accordée à la parole donnée, validée par le suivi des actions. Dans notre entreprise familiale, la valeur de la parole est forte, elle inspire la confiance. Elle engage la crédibilité de l’entreprise et de la famille.
Mais il faut aussi être transparent dans le refus. Lorsque l’on dit « non », il faut expliquer pourquoi. Avoir la force de refuser est aussi une forme de charisme.

Le charisme est-il une qualité indispensable pour un dirigeant ? 

Oui, le charisme est important. Un bon dirigeant doit être capable de donner un cap, de savoir où il va. Il doit être à la fois convaincu et convaincant, dire les choses avec beaucoup de dynamisme et d’envie ressentis. Une personne qui manque de charisme aura du mal à manager ses équipes et à fédérer. Mais le charisme n’est pas nécessairement synonyme de fougue et d’extravagance. On peut être un leader respecté en restant dans la retenue, la discrétion et le travail.

Un dirigeant doit-il savoir se reposer sur ses collaborateurs ?

Réussir, c’est savoir s’entourer. Un bon dirigeant doit accepter de lâcher prise et d’accorder sa confiance à autrui. C’est pourquoi il est essentiel de savoir reconnaître les compétences et les personnalités qui pourront faire avancer l’entreprise. La qualité du recrutement est capitale.

Quelle est la politique sociale de Derichebourg ?

La richesse de l’entreprise réside avant tout dans ses collaborateurs. Aucune entreprise n’existe par la seule présence de son dirigeant.
Derichebourg a décidé de donner leur chance à certaines populations qui rencontrent des parcours chaotiques. Nous formons ces publics en difficulté, sans les juger selon leur condition sociale. Quelques-uns ne parviennent pas à se réinsérer, mais nous constatons aussi nombre de formidables réussites. Certaines personnes ont besoin d’une main tendue. L’écoute et l’entraide décuplent la motivation au travail et renforcent le sentiment d’appartenance aux valeurs du groupe.

 

Comme en amour ou en amitié, la confiance est indispensable dans les relations professionnelles.

 

Cette politique sociale est une véritable force pour notre entreprise. Nos engagements concernent aussi nos relations avec les collaborateurs. Lorsque nous constatons un dysfonctionnement, nous cherchons à en connaître le contexte et les circonstances : la personne a-t-elle été mal orientée, mal cadrée ? S’agit-il d’un problème de management ? Il faut savoir rester juste et lucide en toutes circonstances. C’est une question d’éthique.

Disposez-vous d’une charte éthique ?

Plusieurs filiales du groupe disposent de chartes qui formalisent des engagements que nous devons tous respecter au niveau du groupe. L’éthique dans les relations commerciales et sociales y apparait en première ligne. La transparence, la loyauté, l’équité s’imposent chez nous dès l’embauche et vis-à-vis de tous, en externe comme en interne. Je suis particulièrement vigilant au respect de l’égalité des chances et à la lutte contre les discriminations. Je n’accepterai jamais d’opposition entre les différentes communautés présentes au sein du groupe, où se côtoient plus de 80 nationalités.

Quelle est pour vous la valeur de la confiance des clients de Derichebourg ?

Comme en amour ou en amitié, la confiance est indispensable dans les relations professionnelles. Elle est capitale pour pérenniser la relation avec les clients. C’est un actif qui se travaille. Si la qualité de service se détériore, la confiance se rompt. La confiance repose sur l’amélioration continue, l’excellence. Le plus difficile consiste à maintenir ce niveau d’exigence au quotidien.